[Abdou Latif Coulibaly, ancien secrétaire général du gouvernement, a accordé une interview à RFI ce lundi 5 février 2024 pour expliquer les raisons de sa démission, survenue deux jours plus tôt. Selon M. Coulibaly, le report sine die du scrutin initialement prévu le 25 février dernier constitue une « entorse » et une « dérive » inacceptable.

Interrogé sur les motifs de son départ du gouvernement, le haut fonctionnaire a indiqué vouloir « retrouver [sa] liberté d’expression » et ne plus se sentir tenu par « la solidarité du gouvernement » face à une décision avec laquelle il est en profond désaccord. Pour M. Coulibaly, ni le président Macky Sall, ni l’Assemblée nationale n’avaient le pouvoir de reporter l’élection, arguant que la réforme constitutionnelle de 2016 était censée garantir l’intangibilité du calendrier électoral.

À ce sujet, il a relevé une contradiction majeure dans la position actuelle du chef de l’État, qui affirmait lui-même en 2012 qu’un président ne pouvait « augmenter d’une journée son mandat ». Selon l’ex-secrétaire général, « aujourd’hui, [Macky Sall] décide de renoncer à tout ça. Il arrête l’histoire », se déjugant par rapport aux engagements passés.

Abdou Latif Coulibaly a par ailleurs estimé probable l’existence d' »un accord sur les démarches » avec le Parti démocratique sénégalais (PDS) de Karim Wade, principal bénéficiaire du report.

Pour l’ancien ministre, la décision de Macky Sall « n’est pas un avantage pour lui et en rien du tout » sur le plan politique. Elle dénoterait selon lui une tendance chez les dirigeants, « quand on est dans l’exercice du pouvoir, [à croire] que tout est possible ». Plus grave encore, M. Coulibaly a affirmé avoir « alerté le président sur les risques » d’un tel report, sans être écouté.

En fin d’interview, l’opposant a déploré l’absence de préparatifs logistiques et administratifs sur le terrain en vue du scrutin, contrairement à ce qui a toujours été fait dans le cadre du processus pré-électoral. Une situation qui révèle, pour Abdou Latif Coulibaly, une volonté délibérée de reporter les élections de la part du pouvoir.]