Par Babou Biram Faye
Et si… ? La question peut paraître saugrenue. Et pourtant, elle mérite d’être posée. Et si l’ancien président du Sénégal, Macky Sall, devenait le prochain Secrétaire général des Nations Unies… sans le soutien officiel de son pays, le Sénégal ? Un scénario déroutant mais pas impossible. Un dilemme cornélien que la diplomatie sénégalaise devra tôt ou tard affronter.
L’ambition est désormais connue, sinon publique, du moins susurrée dans les cercles diplomatiques et politiques : Macky Sall caresse le rêve de diriger l’ONU. Et il faut l’admettre, il ne part pas de zéro. L’ancien président bénéficie d’un solide carnet d’adresses, d’une expérience internationale affirmée (de la présidence de l’Union Africaine à son rôle de médiateur dans plusieurs crises régionales) et d’une image plutôt favorable auprès des partenaires internationaux.
Mais là où le bât blesse, c’est le silence, voire la gêne perceptible des autorités sénégalaises actuelles. Officiellement, rien n’a été dit. Pas un mot d’encouragement, pas même une allusion. Un mutisme assourdissant qui en dit long sur la complexité de la relation entre l’actuelle administration et son prédécesseur. En coulisse, certains proches du pouvoir iraient jusqu’à manifester une hostilité discrète, au nom de divergences politiques passées.
Or, dans la course à la direction des Nations Unies, le soutien du pays d’origine est un critère crucial, sinon indispensable . Le poste de Secrétaire général n’est pas seulement une consécration personnelle, c’est un symbole fort, une fierté nationale. Ne pas appuyer une telle candidature, c’est refuser à la diplomatie sénégalaise une opportunité historique de rayonner à l’échelle planétaire.
Mais alors, que faire ? Le Sénégal doit-il mettre de côté ses différends politiques internes pour soutenir » un fils du pays » à l’ambition universelle ? Ou bien doit-il s’abstenir, quitte à laisser passer sa chance d’inscrire durablement son nom dans les annales diplomatiques du XXIe siècle ?
Et si Macky Sall réussissait sans le Sénégal ? Si d’autres pays africains, voire des puissances internationales, faisaient le pari de son leadership mondial ? Ce serait un uppercut diplomatique, un véritable camouflet pour les autorités sénégalaises, dont le silence apparaîtrait, avec le recul, comme un manque de vision ou de patriotisme.
Au-delà des querelles politiques, la question mérite d’être méditée. Le Sénégal veut-il être acteur ou spectateur de l’histoire ? Telle est la vraie question.
A méditer!
BBF