Depuis quelques jours, le nom de Bachir Fofana refait surface dans les colonnes des journaux. Son visage familier, souvent accompagné d’un sourire bienveillant, s’affiche en une, entre les étiquettes de journaliste, chroniqueur ou militant. Une chose est certaine : Bachir Fofana est actuellement en garde à vue à la Division Spéciale de la Cybersécurité. Et cette réalité inquiète.
Les marques de solidarité à son égard n’ont pas tardé. Confrères, amis, anonymes : tous saluent la voix singulière, parfois dérangeante, mais toujours assumée, d’un homme engagé dans le débat public. Dans un paysage médiatique de plus en plus frileux, ces gestes de soutien ne sont pas que symboliques, ils sont nécessaires.
Je me surprends pourtant à chercher encore dans quel registre classer Bachir Fofana. Est-il toujours journaliste ? Chroniqueur ? Acteur politique ? Peut-être un peu tout à la fois. Cette ambiguïté, loin d’être une faiblesse, raconte aussi les trajectoires complexes de celles et ceux qui refusent les cases trop étroites. Bachir est de ceux-là…
Je me rappelle souvent cette phrase d’Hubert Beuve-Méry : « Le journalisme, c’est le contact et la distance. » Elle dit la difficulté de tenir cette posture quand l’engagement devient une urgence intérieure. Bachir, ancien des journaux Populaire et EnQuête, a depuis quitté les salles de rédaction. Il a embrassé la communication, avant de se lancer dans l’arène électorale à Vélingara en 2022 sous les couleurs de la coalition Aar Sénégal. Le résultat fut modeste, 1, 08% des suffrages mais l’engagement réel.
Depuis lors, il multiplie les prises de parole dans les médias, avec constance. Il le fait à sa manière, parfois avec rudesse, maladresse, on se rappelle ses plates excuses à la communauté chrétienne quand il évoquait la nomination de Jean Baptiste Tine comme ministre de l’Intérieur…N’empêche les sorties de Bachir sont toujours teintées de convictions. Cela fait-il de lui un opposant ? Un chroniqueur truculent? Un citoyen éveillé ? Sans doute un peu tout cela.
Mais aujourd’hui, face à sa détention, au-delà des étiquettes, c’est l’homme qu’il faut regarder. Car nul ne mérite d’être réduit au silence sans preuve ni procédure claire. Et nul ne devrait souhaiter à un confrère, à un camarade de Kinkelibaa, de se retrouver dans les liens de la prévention.
En espérant que la justice s’exerce avec mesure, et que la vérité, surtout, éclaire cette affaire. Parce que les voix indépendantes, même discordantes, sont le souffle des démocraties qui respirent encore. MTG