Ce jour-là, le ciel s’assombrit. Diourbel devint le théâtre d’une tristesse infinie. Le 19 juillet 1927, Cheikh Ahmadou Bamba quittait ce monde, et avec lui s’en allait une lumière, un souffle, une flamme. Le silence qui suivit sa disparition n’était pas un silence ordinaire. C’était une prière sans mot, un sanglot porté par les vents, un chagrin logé dans le cœur des hommes et des djinns.
Son départ est un séisme dans l’histoire spirituelle du Sénégal. Il ne fut ni simple, ni ordinaire, ni passager. Il fut cosmique. Il fut lourd. Il fut le deuil d’un peuple tout entier.
Cheikh Ahmadou Bamba, que Dieu l’agrée, n’était pas seulement un érudit. Il était un serviteur total, un pèlerin de Dieu, un résistant pacifique au colonialisme, un maître spirituel, un miroir de la lumière prophétique. Sa vie fut un sacrifice, sa parole un baume, son silence une école.
Le 19 juillet n’est pas une date comme les autres. C’est une faille dans la chronologie du monde. C’est un point de bascule où la verticalité céleste a embrassé la poussière de la terre.
À Diourbel, ce jour-là, les oiseaux chantèrent plus bas. Le vent, lui-même, sembla hésiter. Les cœurs pleuraient. Les cieux retenaient leur souffle. Le Sénégal perdait un guide, une lumière, une force tranquille.
Mais il laissait aussi un héritage. Pas seulement dans les livres, mais dans les cœurs. Pas seulement dans les prières, mais dans la marche de ceux qui, encore aujourd’hui, vivent par son exemple.
Aujourd’hui encore, 98 ans plus tard, nous ressentons cette perte. Elle n’a pas vieilli. Elle n’a pas pâli. Car l’amour pour Cheikh Ahmadou Bamba ne s’use pas. Il se régénère à chaque invocation, à chaque Khassaïde, à chaque pas posé vers Touba.
Cheikhoul Khadim ne meurt pas. Il vit dans le cœur de chaque talibé. Il vit dans chaque main tendue pour le bien. Il vit dans la constance face à l’épreuve, dans la soumission à Dieu, dans le refus du désespoir.
Son départ fut une fin. Mais aussi un commencement. Le début d’une marche sans fin vers la lumière.
Qu’Allah le couvre de Sa miséricorde infinie.
Qu’il nous accorde de suivre son chemin, avec humilité, courage et foi.
KINKELIBAA VOUS OFFRE QUELQUES RECOMMANDATIONS DE CHEIKH AHMADOU BAMBA TIRÉES DE «MASSALIK AL JINAN »(LES ITINÉRAIRES DU PARADIS)
Sur la connaissance de soi et la réforme intérieure
- Commence par examiner tes propres défauts, et engage-toi sincèrement à les corriger.
- Ne perds pas de temps : repens-toi avec crainte révérencielle de Dieu et saisis les instants restants de ta vie pour accomplir le bien.
- Sois exigeant avec ton for intérieur : améliore ton caractère, purifie ton cœur de l’orgueil, de la jalousie, de la haine, de la présomption, de l’ostentation et de l’amour des apparences.
- Détache-toi de la joie excessive ou du chagrin liés aux biens de ce monde, car tout est passager.
Sur le temps et l’effort
- Évite la paresse : la vie est brève et le temps est un capital précieux.
- Précipite-toi vers les œuvres pieuses avant qu’il ne soit trop tard.
- Ne gaspille pas ton souffle dans la médisance ou la recherche des honneurs mondains.
Sur la science et son but
- Cherche la science utile — celle qui éclaire ton âme, qui te montre clairement tes défauts et t’incite à la patience, la générosité, la pureté, l’intégrité et la vérité.
- Fuis la science stérile, celle qui enivre de vanité, multiplie les disciples mais laisse le cœur corrompu.
- Méfie-toi des savants imbus d’eux-mêmes qui croient guider les autres alors qu’eux-mêmes sont endormis, prisonniers de leur égo.
Sur la relation à Dieu et aux créatures
- Ne mendie jamais auprès des hommes ce que seul Dieu peut t’accorder.
- Mets ta confiance en Dieu seul. Lui connaît ton état ; les créatures, aussi généreuses soient-elles, restent impuissantes.
- Abandonner l’évocation du Nom de Dieu (Dhikr) pour s’attacher à des futilités est une forme d’égarement.
- Le cœur est ce que Dieu regarde : cultive en lui les qualités, car l’apparence ne trompe que les hommes.
Sur la vertu et la vigilance spirituelle
Garde-toi du mal, même sous sa plus petite forme ; il en appelle toujours davantage.
- Cultive le bien, même dans la discrétion : il attire le bien en retour.
- La meilleure parure d’un homme est sa bonne conduite, en tout lieu et en toute circonstance.
- Pratique la solitude intérieure, la méditation, l’introspection : elles sont les miroirs où l’âme se connaît et s’élève.