Il y a des joueurs qui séduisent par leur technique, d’autres par leur force mentale. Pape Matar Sarr, lui, incarne déjà les deux. Dans une de mes interventions sur le plateau de la TFM en 2024, je lui avais glissé ce conseil : « Ne te repose pas sur ton talent. » Un an plus tard, je découvre avec joie qu’il a entendu cette voix intérieure : il s’est entouré d’un coach personnel, décidé à sculpter son corps comme on polit une pierre rare.
Car le talent brut, aussi éclatant soit-il, a besoin d’un socle. Zidane en savait quelque chose : ses premiers pas à la Juventus furent un supplice tant l’exigence physique y était rude. Mais c’est là, dira-t-il, qu’il est « devenu un homme ». De la même manière, Pape Matar Sarr poursuit ce chemin de feu et de sueur. Et déjà, la récompense se lit sur son visage, dans son rôle de leader au sein des Lions. Son but contre la RDC, plein de malice et de sang-froid, n’était pas seulement une frappe victorieuse : c’était un geste de sauveur, un souffle qui a redonné vie à tout un peuple en quête de Mondial 2026. Surtout ne pas dormir sur ses buts, ses prestations de haut vol…son titre de meilleur buteur des Lions dans cette phase de qualification pour la Coupe du Monde avec 4 buts
En tout cas, sur les terrains d’Angleterre, il s’épanouit davantage. Thomas Frank, son nouvel entraîneur, l’a repositionné en « 9 et demi », rôle subtil qui exige plus que de la technique : il faut savoir voir ce que les autres ne voient pas, sentir l’espace avant qu’il ne s’ouvre, imposer sa volonté aux adversaires. Et Sarr brille. On se souvient de ce match contre Manchester City : il a étouffé l’orchestre de Guardiola par son pressing et illuminé ses partenaires de son inspiration. À 22 ans, (le 14 septembre prochain) il joue déjà avec la maturité d’un vétéran.
Mais ce qui fait la grandeur d’un homme, ce n’est pas seulement ce qu’il accomplit sous les projecteurs. Quand les pluies diluviennes ont frappé Thiès, Pape Matar Sarr n’a pas détourné le regard. Il a apporté riz, huile, matelas, ciment… Non pour faire un coup médiatique, mais parce qu’il se sent redevable à sa terre natale. Ses mots, simples mais puissants, résonnent encore : « Je suis un Thiessois authentique et fier de l’être. » Plus encore, il a versé l’intégralité de ses primes de match du mois de septembre – cinq millions de FCFA – à l’Office national des pupilles de la Nation.
On dira sur le plan social qu’il suit les traces de Sadio Mané. Mais Sarr trace surtout sa propre route, à travers une fondation qui agit dans la discrétion, loin du vacarme médiatique. Il sait déjà que la vraie grandeur n’est pas seulement d’être un Lion qui rugit, mais un fils qui partage.
Ainsi grandit Pape Matar Sarr : par le travail, par l’humilité et par le don. Il est plus qu’un joueur : il est une promesse. Une promesse pour son club, pour la tanière, pour sa ville Thiès, et pour ce Sénégal qui l’a vu naître et qui, aujourd’hui, se reconnaît en lui. MTG