« Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et soyez avec les véridiques. » (Sourate 9, At-Tawba – Le repentir, verset 119)
Le croyant sincère le sait, la piété repose sur la vérité, parce que la vérité illumine le cœur et oriente la raison vers le bien. Quand la foi est sincère, le cœur inclinetoujours à toujours dire le bien ; et pour dire le bien la langue dit toujours la vérité ; et pour faire le bien les actes confirment toujours les paroles. La vérité ne vaut que par sa propension à produire le bien, par son utilité à induire la bonne attitude, par sa vocation à susciter le bon comportement des individus et à favoriser l’entretien de relations saines et durables entre les personnes et entre les groupes au sein de la société.
La vérité ne peut donc nullement prévaloir, encore moins triompher par, ni dans la polémique. Car la polémique est comme un feu de brousse dans le champ des idées : telle une étincelle, une seule parole suffit à embraser les cœurs, à chauffer les esprits et à faire jaillir les flammes du désaccord pour créer une joute oratoire où les mots deviennent des lames, les silences des connivences, les échanges une tempête verbale dans laquelle la vérité est une proie que chacun prétend détenir. La polémique n’est jamais la recherche calme de la vérité qui éclaire et rassemble, elle est toujours le tumulte de la passion qui étouffe la raison, l’arène des paroles qui blessent, le champ des mots qui attentent à la dignité d’autrui, le lit des inimitiés fratricides qui divisent, le terreau des rancunes qui séparent. La polémique dessert toujours la cause qu’on veut défendre.
Lorsque la vérité du nouvel opposant crée ou enfle la polémique par des critiques à lui adressées hier quand il était au pouvoir, sa propre parole d’aujourd’hui le confond et il s’expose alors au risque de perdre sa crédibilité.
Lorsque, dans la bouche du toujours opposant, la vérité d’hier n’est plus la même aujourd’hui sur la personne de l’opposant d’hier devenu gouvernant aujourd’hui, la critique devient incompréhensible et le message illisible.
Lorsqu’il use de son droit de parole et de sa liberté de critique à l’encontre du gouvernant par des diatribes virulentes, des informations fausses, voire des insultes, le citoyen ne peut impunément invoquer la Charte fondamentale pour se soustraire à la justice, à condition que celle-ci s’applique indifféremment à tous, à quelque bord politique qu’ils appartiennent.
Même absolument conforme à la réalité, lorsqu’elle est assénée dans l’invective ou l’insulte, la vérité qui porte atteinte à la dignité d’autrui ne produit jamais le changement positif escompté. Elle perd alors l’utilité qui fait sa valeur et elle avilit celui qui la martèle.
Lorsque la vérité du gouvernant suscite la polémique et lui crée des difficultés, alors il lui manque deux vertus indispensables à l’efficacité de la gouvernance : le discernement et la sagesse.*
Lorsque le compagnon, le partisan ou le souteneur du gouvernant s’installe dans la polémique pour seulement répliquer aux dérisions, sarcasmes et irrespects des contempteurs de son leader, il n’est d’aucune utilité à celui-ci s’il ne peut opposer aux critiques, dans le calme, la dignité et la courtoisie, des arguments clairs, mesurés et fondés sur la vérité utile à la cause. Le vrai soutien ne se mesure pas à la virulence des ripostes, mais à la pertinence des arguments, à la noblesse du comportement et à la force de la conviction.
Aussi, lorsque, même enveloppée dans le boubou du cousinage à plaisanterie pratiqué au Sénégal depuis Monsieur Chauve et Madame Moulin, la parole vaut au chroniqueur d’occasion d’être privé de la liberté fondamentale d’aller et venir, la démocratie sénégalaise est alors exposée au risque de la dictature de la critique aseptisée, qui lui ferait perdre sa vitalité et son âme.
En quelque position, en quelque domaine, en quelque circonstance, pour quelque cause, par quelque moyen, le bon croyant ne travestit jamais la vérité.
Le bon croyant ne dit jamais la vérité pour faire mal à son prochain, ni pour se venger de son prochain, encore moins pour livrer son prochain à la vindicte populaire.
© Tounk.A
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Yaa Allah,
Fais nous bons musulmans par la pensée, par l’intention, par la parole et par les actes !
Fais nous bons musulmans par l’attachement permanent à la vérité et par la pratique permanente de la vérité !
Fais nous bons musulmans par la vérité qui sert la justice et l’Etat de droit, la vérité qui promeut la paix et la concorde !
Accorde nous Ta miséricorde et maintiens nous sur le chemin de la vérité, le chemin de ceux que Tu as comblés de Tes faveurs, non celui de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés !
« Nous avons effectivement créé l’homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. » (Sourate 50, Al Qaaf, verset 16)