Par Babou Biram Faye
Un acharnement inquiétant. Depuis quelques jours, l’affaire impliquant le greffier, journaliste et homme d’affaires Madiambal Diagne occupe une place démesurée dans l’espace médiatique sénégalais. Certes, ce n’est pas le seul dossier brûlant de l’actualité, mais force est de constater une surmédiatisation ciblée, presque orchestrée, qui pose problème. Plus grave encore, cette tendance prend parfois des allures d’acharnement, venant d’une certaine presse contre l’un de ses propres confrères.
Un parcours qui force le respect
Qu’on l’aime ou non, il faut reconnaître à Madiambal Diagne son statut de figure incontournable du paysage médiatique national. À travers ses organes (Le Quotidien, Weekend Magazine, Première FM, son imprimerie), il a contribué à former et accompagner des générations de journalistes qui, aujourd’hui, occupent une place de choix dans la profession. Moi-même, j’ai eu l’opportunité de collaborer avec Madiambal Diagne, dans le Groupe Avenir Communication, au Magazine Weekend, aux côtés de confrères comme Pape Samba Diarra, Babacar Diop, Mamadou Biaye, Feu Soro Diop, Mohamed Gueye, Fadel Barro, Pape Sambaré Ndour, Mor Talla Gaye, Thierno Amadou Sy, Pape Biram Bigué Ndiaye, Mamadou Mohamed Ndiaye, pour ne citer que ceux-là.
Ce legs devrait susciter, au minimum, du respect et une certaine solidarité corporative. Même ceux qui ne sont pas passés par ses structures devraient, par principe, défendre les fondamentaux du métier : équité, rigueur, présomption d’innocence.
La présomption d’innocence, grande oubliée
Or, la manière….sensationnelle dont ce dossier est traité est loin de ces standards. La règle de la présomption d’innocence semble purement ignorée. On se contente de reprendre, sans recul, des rapports de corps de contrôle ou de la CENTIF, comme s’ils constituaient des verdicts définitifs. Mais un journaliste digne de ce nom ne peut se limiter à reproduire des documents fuités à dessein. Il doit enquêter, vérifier, croiser les sources, mettre en perspective.
Quand la presse abdique ce rôle fondamental et se transforme en simple relais de documents à charge, elle ne rend pas service, ni à la vérité, ni à la démocratie. Elle fragilise au contraire sa propre crédibilité.
La justice aux juges, l’information aux journalistes
Au-delà de la personne de Madiambal Diagne, c’est bien l’avenir du journalisme sénégalais qui se joue dans cette affaire. La justice existe pour juger. Le rôle des journalistes est d’informer avec honnêteté, sans condamner avant l’heure.
En ce sens, j’exprime ma solidarité à Madiambal Diagne, non pas pour défendre un homme, mais, pour rappeler un principe : la presse ne doit jamais oublier que son pouvoir n’est crédible que s’il repose sur la responsabilité et l’équité.
Babou Biram Faye
Journaliste-communicant