Par Babou Biram FAYE
Le Sénégal pourrait bientôt connaître une baisse historique du coût de l’électricité, passant de 117 à 60 F/kWh. C’est l’annonce forte faite par le ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop, lors de son passage sur les ondes de RSI (Radio Sénégal International). Pour y parvenir, le gouvernement compte miser sur une stratégie énergétique ambitieuse, articulée autour de l’exploitation du gaz national, des énergies renouvelables, et d’un renforcement de la souveraineté énergétique.
Le gaz sénégalais, un levier stratégique
Le ministre a souligné l’importance du projet Yakaar-Teranga, développé par Kosmos Energy, dont les réserves sont estimées à 25 trillions de pieds cubes (Tcf) de gaz, entièrement destinées au marché sénégalais. À cela s’ajoute une renégociation en cours du projet GTA (Grand Tortue Ahmeyim), visant à obtenir 300 millions de pieds cubes standard par jour (MMscfd) pour les besoins nationaux.
Modernisation des infrastructures
Un autre axe fort de cette politique est la conversion des centrales de la SENELEC du fioul vers le gaz, une transformation qui permettra non seulement de réduire les coûts de production, mais aussi l’empreinte carbone du pays. Par ailleurs, le gouvernement prévoit d’augmenter la part de production directe de la SENELEC de 33 % à 40 %, alors qu’actuellement 67 % de l’électricité est achetée auprès de producteurs indépendants.
Énergies renouvelables et accès universel
Le Sénégal ne compte pas s’arrêter au gaz. Le ministre a également évoqué la multiplication des centrales solaires, dans le but d’atteindre 40 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2035. Ce virage écologique s’inscrit dans une vision à long terme, dont la feuille de route est déjà tracée grâce à l’étude finalisée du plan de production SENELEC 2025–2040.
Une énergie plus accessible pour tous
Sur le plan social, une révision des coûts d’accès à l’énergie pour les ménages à faibles revenus est en cours, afin de garantir une meilleure équité dans la distribution de l’électricité. Le Sénégal affiche aujourd’hui un taux d’accès à l’électricité de 98 % en zone urbaine, contre 65 % en milieu rural, avec un objectif d’accès universel à l’horizon 2029.
Avec cette stratégie ambitieuse, le gouvernement entend non seulement faire baisser les factures des Sénégalais, mais aussi renforcer la souveraineté énergétique du pays, tout en répondant aux impératifs de transition écologique.
Mais gare aux effets d’annonce…
Si ces perspectives suscitent l’espoir, elles ne doivent pas masquer la réalité du terrain. De nombreux Sénégalais expriment déjà leur impatience face à un certain ralentissement observé dans la mise en œuvre des projets hérités du régime précédent, notamment dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie. À l’heure où le pouvoir actuel engage des réformes ambitieuses, il lui faudra veiller à transformer rapidement les promesses en actes concrets. Autrement, les effets d’annonce risquent de se retourner contre lui, dans un contexte où les attentes sociales sont particulièrement élevées.
Babou Biram FAYE