Les mots ont un poids. Et quand un ministre de la République, en l’occurrence Monsieur Birame Soulèye Diop, appelle publiquement à répondre aux critiques par des insultes — en visant à peine voilé les jeunes de Pastef — ce n’est pas seulement un écart de langage. C’est une déflagration morale.
Des mosquées aux marchés, des réseaux sociaux aux cercles familiaux, un même sentiment a traversé les consciences : l’indignation. Car ce n’est pas uniquement Ousmane Sonko ou ses partisans que l’on offense ici. C’est la dignité du débat public. C’est l’élégance sénégalaise, faite de mesure, de respect et de noblesse, que l’on piétine.
Depuis quand un ministre encourage-t-il l’insulte comme réponse politique ?
Depuis quand un responsable d’État banalise-t-il ce que nos pères nous ont appris à rejeter : l’humiliation gratuite, la vulgarité publique, la parole blessante ?
Ce n’est pas une simple maladresse. C’est une faute. Et c’est une blessure infligée à tous ceux qui, malgré les clivages, croient encore en une République fondée sur l’éthique, le respect, la responsabilité.
L’insulte n’est pas une opinion. Elle est une défaite. Une défaite du cœur. Une défaite de l’intelligence. Une défaite de la République.
En Islam, le Prophète (paix et salut sur lui) a dit :
« Le croyant n’est ni injurieux, ni grossier, ni vulgaire. »
(Hadith rapporté par At-Tirmidhi)
Alors comment comprendre qu’un homme qui prétend parler au nom de l’État — et du changement — tombe aussi bas, entraînant dans sa chute morale des jeunes qui n’aspirent, au fond, qu’à servir une cause ?
Non, Monsieur Diop, vous n’avez pas parlé qu’en votre nom. Vous avez engagé toute une institution. Et c’est pour cela que le peuple s’indigne.
Car à travers vous, c’est le pouvoir qui cautionne l’abaissement. Et ça, le Sénégal ne l’acceptera pas.