Le gouvernement dirigé par Ousmane Sonko poursuit l’examen des baux emphytéotiques attribués sous l’ancien régime à certaines entreprises et personnalités. Parmi les dossiers scrutés figure celui d’Élimane Lam, qui, via sa société Chelma Group, administrée par son épouse Maty Seynabou Ndiaye, est aujourd’hui dans le viseur de la Société nationale de gestion et d’exploitation du patrimoine bâti de l’État (Sogepa SN).
L’affaire porte sur un bail emphytéotique accordé par décret n° 2022-1309 du 29 juin 2022 pour la construction d’un immeuble de 16 étages en centre-ville (rue Amadou Assane Ndoye x Salva, titre foncier n° 5706/DK). À l’époque, face à la vétusté de plusieurs bâtiments publics situés dans des zones stratégiques, l’État avait mis en place un mécanisme de valorisation foncière en partenariat public-privé : il accordait des baux emphytéotiques à des promoteurs immobiliers, à charge pour eux de démolir les structures existantes et de reconstruire un immeuble, dont une partie (quatre étages) devait être rétrocédée à l’État.
Toutefois, malgré l’accord signé en 2022 entre Chelma Group et l’État, aucun investissement ni début de travaux n’a été constaté sur le site. En février 2024, l’administration sortante a relevé l’inertie du projet et l’inexécution des conditions suspensives du bail. Par conséquent, le 21 février 2024, le décret n° 2024-155 a abrogé l’acte d’attribution du terrain.

Un bail utilisé comme levier financier
En parallèle, une autre raison, officieuse celle-ci, aurait motivé cette révocation : l’État soupçonnait Élimane Lam d’avoir utilisé le titre foncier uniquement à des fins de levée de fonds. Une enquête du nouveau régime a confirmé ces craintes : malgré l’abrogation du bail, l’homme d’affaires avait réussi à obtenir plus d’un milliard de FCFA auprès d’Ecobank Sénégal en hypothéquant le terrain.
Face à cette situation, le nouveau directeur général de la Sogepa SN, Elimane Pouye, a récemment adressé un courrier à Chelma Group, réaffirmant la caducité du bail et rappelant que le site relevait désormais du domaine de l’État. Il a en outre exigé que la société prenne, dans les plus brefs délais, les dispositions nécessaires pour lever la garantie hypothécaire inscrite au profit d’Ecobank, impliquant le remboursement du prêt contracté.