BBOXX Sénégal, entreprise pionnière dans l’électrification solaire des zones rurales, a été contrainte de cesser définitivement ses activités et de se placer en liquidation judiciaire. En cause : le non-paiement prolongé de plus de 218 millions FCFA par le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA), malgré l’exécution conforme d’un projet national d’électrification.
Une entreprise sociale sacrifiée
Installée au Sénégal depuis 2018, BBOXX avait pour vocation de démocratiser l’accès à l’électricité dans les zones rurales à travers des kits solaires domestiques. En quelques années, l’entreprise a permis à des milliers de familles de bénéficier d’électricité, de lumière, d’information et d’un meilleur cadre de vie.
En 2024, dans le cadre d’un appel d’offres national, BBOXX a été sélectionnée par le PUMA pour installer 1 500 kits solaires dans six régions enclavées : Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Kédougou, Tambacounda et Kaffrine. Grâce à l’engagement de ses équipes, 844 kits complets ont été effectivement installés et mis en service, avec procès-verbaux de réception signés par les autorités locales (Adjoints au gouverneur, préfets, sous-préfets).
Chaque kit comprenait une télévision, un ventilateur, cinq lampes LED, une batterie, une parabole, et un système de prépaiement numérique pour garantir une autonomie aux ménages.

Le PUMA n’a pas honoré ses engagements
Alors que BBOXX avait engagé ses ressources humaines, techniques et financières dans ce projet vital, le PUMA n’a versé qu’un acompte de 10 % ainsi que deux paiements partiels (Ziguinchor : 100 millions FCFA, Kédougou : 80 millions FCFA). À ce jour, le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA) reste redevable de 218 millions FCFA.
Malgré les nombreuses relances écrites et tentatives de médiation, ni la coordonnatrice du PUMA, Mme Ndèye Marème Samb, ni les responsables du dossier au sein de l’institution ne daignent répondre. Même le syndic judiciaire, désigné suite à la liquidation, n’a jamais pu obtenir de rendez-vous formel avec le PUMA.
Le seul argument évoqué par leurs services : un audit en cours. Une justification que nous jugeons irrecevable, dans la mesure où toutes les installations ont été validées officiellement sur le terrain, par des autorités administratives et techniques compétentes.
Un impact social catastrophique
Cette situation a entraîné la fermeture définitive de BBOXX Sénégal, mettant plus de 150 employés au chômage, dont de nombreux chefs de famille. Pire encore, tous les kits installés dans les villages sont aujourd’hui désactivés, car le système de recharge nécessite des codes générés par des plateformes numériques que BBOXX ne peut plus financer.
Pendant plusieurs mois, BBOXX a assumé seule les coûts pour maintenir le service auprès des populations, dans l’espoir de régulariser sa situation avec le PUMA. Mais l’entreprise n’a pu survivre à une telle impasse financière.
Ainsi, des milliers de Sénégalais vivant dans les zones rurales se retrouvent à nouveau dans l’obscurité, privés de lumière, d’information, d’éducation numérique et de sécurité — conséquences directes de l’inaction du PUMA.
Un sabotage silencieux du Plan Diomaye Casamance
Le cas de BBOXX met en péril les ambitions du Plan Diomaye Casamance. L’électrification de cette région, qui avait commencé à porter ses fruits grâce à nos kits, est désormais à l’arrêt. Ce que le PUMA est en train de détruire, ce n’est pas seulement une entreprise, mais un projet de développement, d’inclusion et de dignité humaine.
Notre appel
Nous appelons :
- Le gouvernement du Sénégal à diligenter une enquête indépendante sur les pratiques du PUMA ;
- Les autorités judiciaires à faire appliquer le droit commercial et contractuel ;
- Les médias à relayer cette situation afin d’éviter d’autres drames économiques similaires.
Le développement du Sénégal ne peut se faire au prix de la mort lente des entreprises locales qui, jour après jour, travaillent à construire un avenir meilleur. Nous avons tenté en vain d’entrer en contact avec un responsable mais sans succès. Les colonnes de Kinkelibaa restent ouvertes.