Les tensions entre l’Iran et Israël s’intensifient, ravivant le spectre d’un embrasement régional aux conséquences mondiales. Dans ce contexte explosif, un silence règne au sommet de l’État sénégalais. Pourtant, le pays ne peut pas se permettre de rester en retrait.
Si le conflit franchit un nouveau palier, les marchés pétroliers seront parmi les premiers touchés. Une flambée du prix du baril entraînerait une chaîne de répercussions : explosion des coûts de transport, hausse des prix des denrées importées notamment le riz —, et inflation généralisée. Autant de secousses qui fragiliseraient davantage une économie sénégalaise déjà confrontée à de multiples tensions internes.
Certes, le Sénégal a franchi une étape majeure en rejoignant le cercle des pays producteurs de pétrole le 11 juin 2024. Mais cette avancée ne garantit nullement une immunité économique. Notre production reste modeste à l’échelle mondiale et vulnérable face à la spéculation et aux chocs exogènes dictés par les grandes puissances et les marchés.
La guerre en Ukraine nous a déjà donné une leçon douloureuse : même éloignés des lignes de front, les pays africains subissent de plein fouet les contrecoups géopolitiques mondiaux. Face à cela, l’inaction n’est plus une option. Il devient impératif que nos autorités sortent du silence et assument leur rôle de veille, de pédagogie et d’anticipation.
Informer, préparer, protéger. Voilà les trois piliers d’une gouvernance responsable. Expliquer aux citoyens les enjeux d’une crise lointaine, élaborer des plans d’atténuation de ses effets et réajuster nos choix budgétaires et stratégiques à temps, tel devrait être le réflexe.
Produire du pétrole est une opportunité. Le gérer avec lucidité et vision, c’est notre devoir. Sans quoi, ce sont toujours les mêmes les plus vulnérables qui subiront les contrecoups d’une crise qu’on n’a pas vu venir, simplement parce qu’on n’a pas voulu la regarder.