Nouvelle secousse dans la gestion des fonds Covid au Sénégal. L’ex-directrice de l’Administration générale et de l’Équipement (DAGE) du ministère du Développement industriel et des Petites industries, Ndèye Aminata Loum, a été déférée hier devant le parquet par la Division des investigations criminelles (DIC). Trois agents du même ministère l’accompagnaient : Mouhamadou Bamba Amar, aide-comptable ; Pierre Malick Ndong, agent administratif ; et Oumar Ngalla Faye, comptable.
Au cœur de l’enquête : un montant de 2,5 milliards de francs CFA, octroyé au ministère dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Ces fonds publics avaient été destinés à l’achat de 6,25 millions de masques de protection. Leur trace mène à un compte de dépôt ouvert à la Trésorerie générale, référencé sous le numéro 422.048 et intitulé « Fonds d’appui à la promotion de la petite et moyenne entreprise ». Ce compte avait été confié à la gestion de Moustapha Diop – à ne pas confondre avec l’ancien ministre – par arrêté ministériel en date du 12 janvier 2018.
Durant son audition, Ndèye Aminata Loum a affirmé ne pas avoir été impliquée dans le processus de transfert des fonds vers un compte bancaire logé à la Bank of Africa (BOA), au nom du ministère. Elle a nié toute responsabilité dans la gestion de ces sommes, tout en insistant sur leur usage intégral pour l’achat des masques auprès des Industries textiles sénégalaises. Une commande, selon elle, conforme aux orientations de l’ancien chef de l’État, soucieux de soutenir les entreprises nationales et préserver l’emploi local.
L’ancienne DAGE a également soutenu que les masques avaient été réceptionnés à Diamniadio, puis distribués à différentes structures étatiques, avec, à l’appui, des bons de sortie et des décharges. Elle a par ailleurs promis de transmettre sous peu les justificatifs de distribution lors d’événements religieux d’envergure, tels que le Magal de Touba, le Gamou de Médina Baye ou encore lors du décès du Khalife général de Ndiassane.
Interrogée sur d’éventuels avantages perçus, elle a déclaré n’avoir reçu ni cadeau, ni promesse, ni gratification de la part des fournisseurs. Elle a toutefois reconnu avoir soutenu l’un d’entre eux dans l’obtention du marché.
Quant à Mouhamadou Bamba Amar, aide-comptable, il a admis dès l’entame de son audition ne disposer d’aucune formation en comptabilité. Son rôle, selon ses dires, se limitait à une assistance au comptable des matières et au gestionnaire du compte, Moustapha Diop. Il a reconnu avoir procédé à plusieurs retraits de fonds à la BOA, pour des montants oscillant entre 50 et 100 millions de francs CFA, jusqu’à atteindre le total des 2,5 milliards. Les liquidités étaient systématiquement remises au gestionnaire, chargé de toutes les dépenses liées à l’acquisition des masques.
Il a néanmoins reconnu avoir, à quelques occasions, effectué des paiements en lieu et place de ce dernier, lorsque celui-ci était alité en raison de la Covid-19. En revanche, il a affirmé ne pas avoir pris part à la réception ni à la distribution des masques.
L’enquête se poursuit pour faire toute la lumière sur l’utilisation de ces fonds publics et d’éventuelles dérives dans leur gestion. (Avec Libé)