Les propos de Guy Marius Sagna, stipulant que le Sénégal a un Président légitime et un Président légal, sont indignes d’un député, un élu du peuple, de surcroît issu de la liste PASTEF des législatives. Au-delà d’être une surprise, car venant d’une personnalité politique que nous avons toujours admirée de par son engagement pour la République, ces propos constituent une honte. Notre déception est grande, car nous n’avons jamais cru que pareils propos pouvaient émaner d’un jadis véhément défenseur de la République et de l’ordre républicain. Voilà qu’au lieu de consolider le duo Diomaye-Sonko, Guy Marius Sagna nous apporte la discorde, la division, la suppression d’un modèle de gouvernance qui ne pouvait exister que dans un pays comme le Sénégal, dont le génie national en matière d’innovation politique et de gouvernance, héritée des cercles lointains de nos sociétés centenaires, voire millénaires, nous ont très tôt appris à s’associer pour bien diriger. Car l’union fait la force !
Je voudrais rappeler ici à Guy Marius Sagna, quelques faits d’histoire qui l’aideront à comprendre que le duo Diomaye-Sonko n’est pas une première au Sénégal, mais bien une tradition issue de nos modèles anciens de gouvernance.
Voyez-vous, en pays Serer, l’Etat était dirigé au sommet par un duo constitué par le MAAD (Bour en wolof) et le DIAARAF. Le premier faisait office de Président de la République et le second pouvait être assimilé au chef du parlement.
Je dois préciser que ce duo était constitué d’un manding (Mansa Waly Mane) et d’un Serer, en l’occurrence le Diaaraf.
Cette structure au sommet de l’Etat Serer, connu sous le nom de la dynastie de Gueloirs, a prévalu jusqu’au dernier roi du Sine décédé en 1969.
Monsieur Sagna, je vous prie de prendre la peine de lire ce qui suit pour mieux comprendre notre héritage en matière de gouvernance.
Le Roi du sine avait bien entendu les attributs et prérogatives d’un Président de la République actuel. Regardez maintenant dans ce qui suit le rôle du Diaaraf, deuxième personnalité de l’Etat. Cela vous aidera à comprendre l’importance et le rôle du duo Diomaye-Sonko.
Voici les principales fonctions du Diaraf :
Élection du roi:
Le Diaaraf, à la tête du Conseil des Nobles, était chargé de désigner le nouveau roi parmi les membres de la famille royale, après avoir examiné leur éligibilité.
Conseiller du roi:
Il était un conseiller de confiance du roi, jouant un rôle clé dans la prise de décisions importantes pour le royaume.
Résolution des conflits:
Le Diaaraf intervenait dans les conflits internes, veillant à l’application des lois et coutumes.
Préservation des traditions:
Il était le gardien des traditions et des coutumes sérères, veillant à leur respect et à leur transmission.
Rôle rituel :
Dans certains cas, il pouvait être impliqué dans des rituels importants, comme lors de la préparation à la guerre.
En résumé, le Diaaraf était une figure centrale du royaume du Sine, détenant un pouvoir politique, judiciaire et spirituel significatif, et jouant un rôle crucial dans la stabilité et la continuité du royaume.
Voilà le schéma auquel on pouvait s’attendre, je veux dire:
- une complémentarité,
- une répartition claire des tâches et des fonctions,
- un respect scrupuleux des attributs et prérogatives de chacun des deux membres du duo.
Il n’est nullement besoin de chercher à réduire l’une ou l’autre partie à un rôle secondaire n’ayant rien à voir avec ses attributs et prérogatives.
Heureusement que notre Etat est solidement construit et rien ni personne ne pourra modifier en quoi que ce soit la fonction du Président de la République, encore moins ses attributs et ses prérogatives.
Pape SENE
Président Parti SAMM AK SOUQALI SENEGAL
Membre de la Coalition Diomaye Président.