L’ancien président sénégalais Macky Sall a laissé entendre, lors d’un entretien accordé à H5 Motivation, qu’il pourrait envisager une candidature au poste de secrétaire général des Nations Unies pour succéder à António Guterres. « Il est vrai que plusieurs pays estiment que je devrais envisager cette responsabilité », a-t-il reconnu, tout en précisant qu’aucune décision officielle n’avait encore été prise. Selon lui, son parcours « du local au régional, puis au global » lui confère une expérience unique pour contribuer à refonder une organisation qu’il juge aujourd’hui affaiblie.
Insistant sur l’urgence d’un multilatéralisme renforcé face à un monde fragmenté, il a souligné que « nous avons besoin des Nations Unies plus que jamais », citant les crises en Ukraine, en Palestine, au Soudan, en Libye ainsi que la menace terroriste. L’ancien chef de l’État plaide pour une réforme en profondeur de l’institution, notamment une diversification de ses ressources financières, rappelant que les États-Unis assurent à eux seuls 25 % du budget, une situation « intenable » selon lui. « Sans multilatéralisme, c’est la loi du plus fort », a-t-il averti, mettant en garde contre le risque d’une destruction de la planète sous l’effet des grandes puissances.
Tout en restant prudent, Macky Sall conditionne toute éventuelle candidature à un consensus international, en particulier au sein du Conseil de sécurité, des pays africains et du monde islamique. « Je ne pourrais envisager une candidature que si elle résulte d’une volonté largement partagée », a-t-il expliqué, avant d’ajouter : « Je ne l’écarte pas si l’on estime que je peux apporter, modestement, ma contribution pour redorer le blason de l’ONU. » L’entretien a également permis de revenir sur des épisodes marquants de son parcours diplomatique. En 2013, face à Barack Obama en visite au Sénégal, il avait poliment mais fermement refusé toute modification de la législation sur l’homosexualité, affirmant : « Chaque société gère ses sujets selon son métabolisme propre. »
Plus récemment, en tant que président de l’Union africaine, il a mené un plaidoyer soutenu pour l’admission de l’Afrique au G20, rappelant que le continent représente 1,4 milliard d’habitants, 54 pays et constitue « la 6e ou 7e économie mondiale ». En mars 2022, au plus fort du conflit ukrainien, il avait été le premier chef d’État à s’entretenir avec Vladimir Poutine afin de négocier la libération de cargaisons de blé vitales pour l’Afrique, une initiative qui allait déboucher sur une mission africaine de médiation entre Kiev et Moscou. Revenant sur ce rôle, il a déclaré : « Je pense avoir les capacités de pouvoir parler aux uns et aux autres vu ce parcours. »
Enfin, Macky Sall s’est tourné vers l’avenir, lançant un appel vibrant à la jeunesse africaine : « Dans 25 ans, l’Afrique comptera 2,5 milliards d’habitants. Cette jeunesse doit être préparée aux défis du monde : intelligence artificielle, sciences et technologies. » Il plaide ainsi pour un changement profond de paradigme éducatif en faveur des disciplines STEM afin que les Africains soient demain non seulement au cœur de la culture et du sport, mais aussi parmi les maîtres du savoir et de l’intelligence artificielle.