Originaire de Sagata, dans le département de Kébémer, Birane Ndiaye fait partie des six chauffeurs sénégalais brièvement enlevés au Mali par un groupe armé présumé djihadiste. Dans un témoignage poignant accordé à Dakaractu, il revient sur les heures d’angoisse vécues le jour du Gamou, alors qu’il était en mission.
« Tout a commencé vers 17 heures, après une pause à Kayes », raconte-t-il. Avec son apprenti, il reprend la route et parcourt environ 60 kilomètres, jusqu’à Sikala, où il remarque un chauffeur malien immobilisé sur le bas-côté. C’est alors qu’un groupe armé surgit.
« Ils étaient quatre au début, mais d’autres ont suivi. Encagoulés, armés de fusils lourds, ils ont tiré sur mon camion quand j’ai refusé de m’arrêter », confie Birane Ndiaye. Les balles percent le pare-brise, un pneu éclate, et son apprenti est grièvement blessé au cou. Contraint de s’arrêter, il assiste impuissant à l’incendie de son camion, un Renault DX 450 immatriculé TH-8112, d’une valeur estimée à plus de 20 millions de francs CFA.
Les ravisseurs emmènent ensuite les chauffeurs dans la forêt. « Nous avons passé la nuit à la belle étoile, sans couverture, dans des conditions terriblement risquées », poursuit-il. Le groupe, qui s’exprimait en peulh, les interroge sur leur nationalité et leur provenance. Le lendemain, les otages sont déplacés dans une autre localité pour de nouveaux interrogatoires, menés sous les ordres d’un chef qui communiquait par téléphone.
Deux jours plus tard, les chauffeurs retrouvent la liberté. Birane Ndiaye salue alors l’action de Gora Khouma, secrétaire général des transporteurs routiers du Sénégal : « C’est grâce à son communiqué que nous avons été relâchés », affirme-t-il avec émotion.
Mais le soulagement laisse place à la détresse. « J’ai tout perdu. Mon camion représentait toute ma vie et faisait vivre ma famille. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. J’appelle l’État du Sénégal à l’aide », lance-t-il, encore marqué par l’épreuve.
Cet enlèvement, loin d’être un cas isolé, ravive les inquiétudes sur la sécurité des chauffeurs sénégalais dans la sous-région. Au Mali en particulier, plusieurs zones restent sous la menace permanente de groupes armés, faisant planer un climat d’insécurité qui frappe de plein fouet les transporteurs.