À 35 ans, Jacques Narcisse Codé Thiaw revient d’une épreuve qui a bouleversé sa vie. Arrêté au Bénin en 2020, accusé sans preuves de terrorisme et incarcéré pendant plus de quatre ans dans la prison d’Akpro-Missérété à Porto-Novo, il raconte au quotidien L’INFOrmé de ce jour le calvaire d’une détention arbitraire marquée par la souffrance, l’humiliation et la foi.
Son seul « crime » ? Porter la barbe. C’est sur ce simple prétexte que des policiers béninois l’ont interpellé au poste frontalier de Kassakou, avant de le frapper, le torturer, puis de l’envoyer à Cotonou, où un mandat de dépôt pour terrorisme lui a été notifié. Sans procès, sans défense réelle, il a été envoyé dans la section dite « Chien vert », réservée aux présumés terroristes, avec plus de 2 600 détenus entassés dans des conditions inhumaines. « La prison de Porto-Novo, c’est l’enfer sur terre », confie-t-il. Surpopulation, maladies, violences et morts quotidiennes rythmaient son quotidien.
C’est sa foi qui l’a sauvé. Converti à l’islam en 2010 après un rêve marquant et l’accompagnement de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, il s’est accroché aux enseignements de paix et de patience. Il a aussi trouvé la force de protéger son compatriote Serigne Saliou Dione, toujours détenu et dans un état préoccupant.
En mars 2025, après plus de quatre années de détention, il a enfin été libéré avec un simple non-lieu, le Bénin lui présentant des excuses tardives. Aujourd’hui revenu à Thiès, Jacques Narcisse Codé Thiaw choisit de tourner la page. Sans haine ni rancune, il veut reconstruire sa vie autour d’un projet de poulailler et rendre grâce à Dieu pour l’épreuve traversée : « On m’a saboté ma vie, mais j’accepte que c’était mon destin. Je souris, et je continue de vivre. »