Attendu depuis longtemps, le rapport de la Cour des comptes sur la gestion des finances publiques (2019-2023) a été publié ce mercredi 12 février. Il met en lumière de nombreux manquements et confirme les accusations du Premier ministre Ousmane Sonko contre l’ancien régime de Macky Sall, soupçonné de falsification des données publiques.
Selon le document, les chiffres communiqués au FMI sur le déficit budgétaire étaient largement sous-estimés. « Le déficit réel, en prenant en compte le volume exact des décaissements des emprunts projets, est bien supérieur à celui annoncé », précise la Cour.
Les écarts sont frappants. Ainsi, la dette de l’administration centrale, déclarée à 13 854 milliards de F CFA dans la loi de règlement 2023, atteint en réalité 18 558,91 milliards, soit 99,67 % du PIB, un écart de 25,27 %.

Même constat pour le déficit budgétaire : annoncé à 911 milliards de F CFA (4,9 % du PIB), il serait en réalité de 2 291 milliards (12,3 % du PIB), selon la Cour. L’écart, de 7,4 points, témoigne d’une sous-évaluation systématique depuis plusieurs années. En 2019, le gouvernement annonçait un déficit de 3,92 %, alors qu’il était en réalité de 9,85 % ; en 2021, il dépassait 11,47 %, contre 6,32 % officiellement.
Ces écarts ont des conséquences lourdes sur la capacité du Sénégal à financer de nouveaux projets. « Le remboursement de la dette, chiffré à 2 517,14 milliards de F CFA, pèse lourdement sur les marges de manœuvre budgétaires. Les charges financières, estimées à 302,61 milliards de F CFA, impacteront durablement les budgets futurs », alerte la Cour des comptes.