Un signe du destin capté des deux mains comme une offrande venue du ciel. Un clin d’œil venu de l’au-delà pour faire germer une graine d’espérance dans une finale de Coupe d’Afrique qui s’annonce étriquée dans le jeu, palpitante pour les nerfs et compliquée à vivre pour les cardiaques. L’Egypte rencontre le Sénégal en finale de la Can ce dimanche à 19 heures. Ce 6 février au stade Olimbé du Cameroun se joue une page d’histoire écrite des pieds par une bande de Lions ambassadeurs en culottes courtes d’un grand pays le Sénégal.
C’est sur le terrain que cela va se jouer. Il faudra sortir les tripes, de l’esprit dans le jeu, et ce brin de chance qui fait les grands champions et les installe pour de bon dans la postérité.
Une finale qui se joue alors que le monde se prépare à commémorer l’immense Cheikh Anta Diop, le «Pharaon noir» décédé un 7 février de triste mémoire. C’était en 1986.L’égyptologue et savant sénégalais de renommée mondiale a été révélé par l’Egypte et ses pharaons. Il s’est attaché, sa vie durant, à montrer l’apport de l’Afrique, en particulier de l’Afrique noire, à la culture et à la civilisation mondiales. Sur le plan politique, il a eu à fonder trois partis : le Bloc des Masses Sénégalaises (BMS) en 1961, le Front National Sénégalais (FNS) en 1963 et le Rassemblement National Démocratique (RND) qui sera reconnu en 1981, Il repose pour l’éternité à Thieytou dans la région de Diourbel auprès de son grand-père et modèle Massamba Sassoum. L’Université de Dakar, l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) et une importante artère de la ville de Dakar portent son nom.
Des rues, des avenues, des lieux méconnus pourront porter des noms des Lions en cas de sacre ce dimanche.
Comme Cheikh Anta Diop, la bande à Sadio Mané a face à l’Egypte l’occasion d’inscrire son nom dans les annales de l’histoire. Tout un peuple rêve de mettre sur la tunique nationale cette étoile qui manque tant. Cela dure depuis des années. Des années à pleurer sur notre sort de nation de football reconnue à travers le monde, mais jamais couronnée. Toujours proche du but. Toujours frustrer de passer à côté de quelque chose de grand. Dans la vie, rien de grand ne se réalise sans ambition. Sans vrai désir de changer le cours de l’histoire. De porter l’estocade à un destin jaloux…tout simplement.
Les Sénégalais sont entrés à petit trot dans la compétition, cas de covid, jeu d’une extrême pauvreté, mais l’équipe se qualifie sans brio pour les phases à élimination directe.
Une autre équipe voit le jour, plus conquérante, plus incisive plus tueuse. Léger mieux face au Cap-Vert en huitièmes de finale, les Lions gagnent 2buts à 0 grâce à des buts de Sadio Mané (63e) et Bamba Dieng (90+3). Ensuite ils s’offrent la Guinée-Equatoriale en quarts de finale (3buts à 1) grâce à des buts de Famara Diedhiou (28e ), Cheikhou Kouyaté (68e) et Ismaïla Sarr (79e) qui ont mis le Sénégal définitivement à l’abri, malgré le but du Cap-Vert. Victime d’un choc d’une extrême gravité avec le gardien cap-verdien qui semble déchainé à chaque fois l’hymne national retentit, Sadio Mané continue de jouer avec ses partenaires jusqu’à l’ultime recours. Son coach Aliou Cissé n’hésite pas à lui tresser des lauriers et à chanter son amour de la patrie. «C’est un exemple pour les jeunes et pour les générations à venir en terme de patriotisme. C’est un exemple de détermination, c’est quelqu’un qui a l’amour du maillot national.»
Et puis, l’équipe du coach Aliou Cissé monte en puissance et Sadio Mané endosse le costume le héros de tout un peuple en offrant une passe décisive et en marquant le but de la victoire contre le Burkina Faso et s’offrir les chemins d’une finale rêvée pour la deuxième fois consécutive. Exemplaire et flamboyant depuis le début du tournoi, Sadio Mané l’ailier de Liverpool escorté par l’espoir de tout un peuple rêve de soulever le trophée continental. Le Sénégal attend de Sadio Mané qu’il devienne son héros. Qu’il enfile le costume de «pharaon noir» en mettant dans sa poche tout l’Egypte. Cheikh Anta Diop l’a fait. A ton tour Sadio de toquer à la porte de l’Histoire.
Mor Talla GAYE