La présentation du Plan de redressement économique et social ( PRES) recentre le débat sur l’essentiel et dissipe les doutes entretenus par la manière belliqueuse par laquelle elle a été annoncée.
L’essentiel et en même temps l’urgence au Sénégal demeure l’adoption et la mise en œuvre d’une démarche claire par le gouvernement pour prendre en charge les préoccupations des citoyens sénégalais et surtout dissiper leurs craintes et angoisses.
Le PRES a le mérite de déterminer le comment de cette action en accrochant ce nouvel instrument opérationnel au cadre unique des politiques publiques qu’est l’agenda Sénégal 2050 composé d’un master plan sur dix ans et d’une SND sur cinq ans. L’imbrication des 3 phases REDRESSEMENT- IMPULSION- ACCÉLÈRARATION de la Vision du Président de la République est confirmée et clairement schématisée. Le redressement est effectif depuis la prise de fonction du Président de la République et de son gouvernement conduit par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Ce moment de recentrage sur l’essentiel doit être le point final à une période de flou et de tâtonnement de l’action publique sapée depuis quelques mois par la publication des résultats de l’audit des finances publiques par la CC et les conséquences qui s’en ont suivies, particulièrement la suspension des programmes d’investissement avec les partenaires au développement notamment le FMI, mais aussi les conditions d’accès aux marchés financiers de plus en plus difficiles et incertaines suite aux différentes réactions des organes de notations et sur le risque-pays.
Le PRES même s’il se présente plus comme un plan de gestion budgétaire qui se veut efficient et résilient pour redresser les finances publiques et assurer des bases réalistes de déroulement de la SND, a l’ambition de renforcer la souveraineté budgétaire en visant la mobilisation des ressources domestiques à hauteur de 90% et éviter ainsi un plan d’austérité que les sénégalais ne peuvent soutenir. Justement dans ce contexte de dure réalité qui marque le quotidien des sénégalais, le plan prévoit des investissements directs vers les plus vulnérables à travers la reprise et le renforcement des filets sociaux et des dépenses sociales sur l’éducation, la santé et la protection sociale, avec des mesures fiscales équitables et progressives. Une option sur des retombées sociales légitimée par le plaidoyer sans égale pertinence de notre désormais Pape Natango Mbaye dont les performances personnelles suffisent pour insister davantage sur les vulnérabilités invisibles. Il a à lui tout seul dignement porté le flambeau de la vulnérabilité résilience et triomphante et prouvé la pertinence de pouvoir compter sur nos propres ressources, pour le progrès sénégalais.
Le PRES qui a le mérite d’être détaillé avec des indicateurs de performances dits réalistes car considérant la plus basse hypothèse, reste un chantier à parachever car nécessitant encore des études préalables pour valider un certain nombre de mesures, notamment dans la rationalisation des dépenses publiques à travers la réduction de la taille de l’Etat et les innovations fiscales.
Nous avons l’habitude des plans et autres documents de planification au Sénégal depuis les plans de redressement financier des années 70, les plans d’ajustement structurel au début des années 80 jusqu’aux plans d’émergence et puis de résilience face à la pandémie Covid-19. Maintenant le PRES qui se distingue de toute cette panoplie fait face au défi lancinant de la mise en œuvre effective. Ce qui dépend plus des pratiques des acteurs que des documents produits.
Au-delà des plans, les questions de fond ?
Quelque soit la nature du plan et son objet spécifique, la finalité demeure l’amélioration des conditions de vie des populations et de manière consistante et durable, c’est à dire assurer un bien être à tous les sénégalais.
Il est donc important pour une réflexion incisive d’aborder le PRES d’une manière holistique et de partir du contexte spécifique sénégalais.
Les règles qui organisent la mise en œuvre des plans doivent effectivement émaner de la sociologie pour être légitimes et efficaces. Notre premier problème est que le corpus originel des normes et modèles, de ainsi que les nouvelles influences sont exogènes à notre culture pourtant riche d’un fond d’organisation sociale et politique peu investie et marginalisée par l’Etat moderne qui fonctionne encore sur une base coloniale.
Le contexte sénégalais est aussi marqué par une sorte d’anomie depuis quelques années, c’est à dire par la non observance de règles collectives au niveau de l’ordre social qui structure les comportements de déviance marquée par l’ignorance, la défiance, le viol et le contournement des règles générales et fonctionnelles de la vie en société et de l’administration. Il faut donc un minimum de règles écrites ou non écrites partagées pour organiser le vivre ensemble et encadrer les dynamiques progressistes par des balises qui évitent les dérives.
Mais il faut surtout des règles générées par nos codes sociaux et modes culturels pour assurer leur observance et réduire les résistances qui retardent et la rigidité qui ankylose.
Pour faire de bonnes règles, il faut avant la légistique, utiliser la triangulation des approches scientifiques ( sociologie, économique, droit, numérique,…) et surtout comprendre les ressorts sociaux.
Inverser la pyramide de l’Etat marginal dans une société « débrouillarde ».
En réalité, à y voir de plus près, tous ces efforts sont faits pour maintenir en vie un État qui mobilise toutes nos ressources publiques mais qui est en vérité une entité marginale par rapport à la société. Il se contente à faire fonctionner une administration pour maintenir des fonctions de souveraineté. Même dans ses misions régaliennes comme l’éducation, la santé, ceux sont les ménages qui financent l’essentiel des services. Non seulement le citoyen entretient le fonctionnement de l’administration par ses impôts, mais il continue à supporter les charges sociales. Seule une élite privilégiée de fonctionnaires bénéficient de la protection sociale (pensions de retraite, cotisations sociales, prise en charge médicale,,.) et des avantages pécuniaires ( salaires, indemnités, fonds spéciaux, fonds communs,…). Il est donc temps de renverser la pyramide. C’est ça la vraie REVOLUTION !Celle qui prend en compte les intérêts de la majorité des citoyens dans l’organisation de l’Etat.
En attendant, les vraies mesures audacieuses et justes, nous encouragerons le gouvernement à persévérer car les sénégalais en ont besoin pour retrouver l’espoir de lendemains meilleurs, rétablir la confiance avec l’autorité gouvernementale et surtout se mobiliser sereinement pour construire ensemble notre pays.
Maintenant, au travail tous…dans la bienveillance et la solidarité.
Bu kèn yaakal kèn
Pour le Sénégal 🇸🇳, toujours…
Elimane H KANE