Par Thierno BOCOUM
L’opinion nationale est restée en haleine en voyant l’un de ses plus grands ambassadeurs culturels mêlé à une affaire où son nom fut associé à des montants vertigineux.
Les plus prudents ont préféré attendre, estimant qu’il ne devait pas être placé au-dessus de la justice, mais regrettant qu’un baobab de la musique sénégalaise soit fragilisé par de telles accusations.
La vérité est apparue à la sortie de son audition puisque ses avocats ont confirmé qu’il ne s’agissait que de la vente d’une voiture, parfaitement traçable et légale. L’artiste l’avait déjà expliqué. Il n’avait pas menti.
Entre-temps, l’humiliation était déjà consommée dans l’opinion. Waly a dû verser une caution, annuler des concerts, perdre sa voiture déjà vendue et il reste marqué d’une réputation écornée qu’aucune procédure ne réparera totalement.
Et paradoxalement, certains le disent « chanceux » puisque d’autres avant lui ont payé une caution mais ont été envoyés en prison, privés même de liberté provisoire.
Plus grave encore, au même moment, des citoyens comme Badara Gadiaga et Abdou Nguer croupissent derrière les barreaux pour avoir simplement exprimé leur opinion.
Pendant ce temps, le régime distribue sans vergogne des milliards de fonds politiques, sans contrôle ni reddition de comptes, tout en traquant les transactions privées d’un artiste qui n’a fait que vendre un bien personnel.
Le contraste est insoutenable.
D’un côté l’humiliation d’un homme qui vit de son art et incarne la fierté du pays. De l’autre la complaisance d’un régime envers les privilèges indéfendables d’une classe politique.
Cette affaire illustre une dérive grave, celle d’une justice transformée en scène de spectacle au détriment de la dignité des citoyens. La justice n’est pas l’humiliation. L’autorité n’est pas la stigmatisation.
Le respect des citoyens, surtout lorsqu’ils portent l’image du Sénégal au-delà des frontières, est une exigence démocratique.
Aujourd’hui, ce n’est pas Waly Seck qui sort affaibli de cette affaire mais l’image d’un régime qui a choisi l’excès et l’humiliation là où il aurait pu choisir la mesure et la dignité.
Honteux.
Thierno Bocoum
Président AGIR-LES LEADERS