Londres pour vite oublier son passage éphémère à la tête de l’armée sénégalaise. L’ex-Chef d’Etat Major des Armées (Cemga) a été nommé mercredi en Conseil des ministres Ambassadeur Extraordinaire et plénipotentiaire de la République du Sénégal auprès de Sa Majesté le Roi Charles III, du Royaume Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, avec résidence à Londres.
L’histoire du Général de corps d’Armée Cheikh Wade s’est tissée à 165 km au nord de Dakar, à Ngaye Mékhé. Lui a vu le jour le 22 mars 1963. Il grandit vite et sans histoire.
Crayonné comme un fils exemplaire, il démarre ses humanités à l’école élémentaire «Mékhé 2» rebaptisé plus tard «Ndiawar Ndiaye». Il y effectue tout son cycle primaire. Souleymane Dieng, actuel Surveillant général du Cem Tété Diédhiou de Ziguinchor, qui a partagé pendant 6 ans la même classe que Cheikh Wade retient de son camarade l’image d’un garçon «exemplaire, pondéré et intelligent». «Nous formions une bande d’amis, mais Cheikh Wade était de loin le plus correct et le plus discipliné. Il n’était pas un adepte de la castagne. Nous étions inséparables». Dans la tête de ce jeune homme frêle la tenue militaire a toujours impacté.
Le Général de corps d’Armée Cheikh Wade a toujours eu un faible pour les hommes de tenue. Chez le Général Wade, le virus de l’armée coule comme le sang qui irrigue ses veines. Très tôt, il a chopé le virus. Le déclic est survenu une matinée de 4 avril. Nous sommes en 1979 et le jeune Cheikh, 16 ans et élève en classe de Première C, assiste au défilé avec une bande de copains. Devant le défilé impeccable des hommes de tenue, le jeune garçon, séduit, tombe sous le charme de la tenue treillis. Après l’obtention de son Bac en 1982 et un Certificat préparatoire décroché à la Faculté des sciences en 1983, à l’université Cheikh Anta Diop, Cheikh qui n’avait pas renoncé à son rêve de revêtir l’uniforme militaire intègre l’Académie royale du Meknès au Maroc et en sort bardé du grade d’Officier, au bout de 3 ans. Rentré au bercail, le jeune commando sera affecté à Thiès, après un stage de commando en 1989 en France, des cours de Capitaine d’Infanterie aux Etats-Unis et des cours d’Etat-major au Ghana. Il effectue de nombreuses missions au Koweït, en Irak et au Libéria, des pays plongés dans de profondes guerres civiles. Mais n’en renonce pas moins à son désir de poursuivre les études. Il enchaîne tour à tour les diplômes : diplôme d’application chef de section infanterie, brevet des techniciens commandos, diplôme de cours de capitaine infanterie, diplôme d’école d’état-major, diplôme d’aptitude au grade d’officier supérieur, brevet de l’enseignement supérieur miliaire, diplôme d’étude supérieure de défense, option Stratégie et Géopolitique etc. Ce militaire qui a gravi tous les échelons dans l’armée, grade après grade, a été le chef de section au bataillon de commandos de Thiès de 1987 à 1993, puis commandant d’unité de la 2e compagnie du bataillon de commandos de 1993 à 1996, commandant de la zone militaire 5 (2013-2015), en Casamance.
Ce territoire, fief de la rébellion depuis les années 1980, va lui ravir son meilleur ami, son binôme Gormack Niang. Ce dernier, à la tête de la 3e Compagnie commando, a été abattu, à bout portant, le 22 novembre 1995 à l’entrée du camp rebelle de Sikoum (cette base rebelle a été récemment conquise par l’armée au mois de février dernier, Ndlr). Il est tombé les armes à la main.
Dans une autre vie, le général de corps d’Armée, Cheikh Wade, marié et père de cinq enfants aurait pu devenir un footballeur international professionnel. A Mékhé, ses qualités footballistiques font encore l’unanimité. Il va bien profiter de la Premier League pour continuer à assouvir son autre passion.