Le sujet sur la santé de Ousmane Sonko ne se laisse pas apprivoiser facilement. On rirait presque de tant «d’émotions», de sens de la description des «potes» du leader de l’ex Pastef qui ont toqué à sa porte de la prison du Cap Manuel (Dakar). Les visiteurs diurnes (Guy Marius Sagna, Habib Sy et Cheikh Tidiane Dièye) ont rivalisé de style, de sens du reportage pour présenter aux Sénégalais des textes potables sur la vie de Ousmane Sonko en prison. Le maître-mot ou liant qui revient dans les différents textes sonne comme une ritournelle : Ousmane Sonko se porte comme un charme.
Guy Marius Sagna ne tarit pas de détails pour décrire le détenu Sonko. «J’ai rarement vu Sonko en si bonne santé, en pleine possession de tous ses moyens avec un mental si conquérant et un tel optimisme. Sonko fait du sport en prison. J’ai même vu son vélo. Il lit le Coran.» L’insistance sur le vélo et la lecture du Coran ne sont fortuites chez Guy Marius Sagna. Le député revenu d’un périple européen semble conforter l’idée que la plupart des jeunes se font de Ousmane Sonko à travers l‘expression «Mou Sell Mi».
Après le texte du député, «L’intellectuel» Cheikh Tidiane Dièye se laisse aller à une tirade laissant perler sur les joues de ce fils de la Casamance qui n’a jamais caché son admiration pour Sonko. Lui aussi rassure son monde. «Je ne suis pas seulement soulagé de constater qu’il a bonne mine et recouvre la plénitude de sa santé. Je suis aussi soulagé parce que je l’ai vu mentalement solide. Il est solide comme un roc. Ceux qui pensaient le neutraliser l’ont libéré. Ils souhaitaient le casser mais l’ont fortifié. Ils rêvaient de l’anéantir mais l’ont fait revivre.» Le reste du texte est une litanie d’explications hors contexte.
Et puis, le Doyen Habib Sy s’avance dans la cohue pour décrire en des termes flatteurs la santé de son jeune frère. «Je l’ai trouvé en excellente forme. Il a repris le sport et se nourrit bien. Il organise les visites, reçoit ses amis et ses collaborateurs. Il réfléchit et écrit beaucoup.» L’ancien Président de Yewwi Askan Wi ne peut pas être soupçonné de militants invétérés à la cause de l’Ex Pastef.
Au-delà de l’émotion que les textes de ces leaders de l’opposition et «frères» de Sonko peuvent susciter. Un constat crève les yeux, l’air du temps et renseigne sur le bulletin médical de l’opposant le plus populaire du pays. Il y a peu, ses avocats le présentaient comme un «mourant», tout droit sorti l’air de rien de la salle de réanimation. Sans séquelle. Tant mieux, c’est tout le mal qu’on lui souhaite pour l’intérêt de la démocratie sénégalaise.
Mais attention à ne pas se faire hara-kiri pour un trop plein de victimisation et une communication au rabais fondé sur une émotion de mauvais aloi. Déjà le 14 novembre, son avocat Ciré Cédor Ly criait sur tous les toits : «Malgré les promesses faites aux avocats de les prévenir pour leur éviter des déplacements et recherches du lieu de détention, l’administration pénitentiaire et les autorités, qui parasitent la détention de mon client, ont manqué à leurs paroles et enlevé nuitamment Ousmane Sonko de la salle de réanimations, sans avertir, ni informer les avocats, le médecin traitant ainsi que son médecin personnel.»
Sonko se porte bien. C’est top. Mais son état de « mourant » comme on le présentait est sujet à un tantinet de suspicions. Surtout que Serigne Bara Ndiaye, le fantasque chroniqueur de Walf Tv déclarait sans regret dans une interview. «Quand nous étions à la salle de réanimation, c’est Sonko qui confisquait la commande et on ne pouvait pas regarder les télévisions sénégalaises.» Cherchez l’erreur… MTG