Contribution d’un Citoyen Sénégalais Abdoul Aziz TOURE
Un peuple un but une foi: ceci est bien ma devise, mon idéal de vie.
Pour moi, en tant que citoyen de ce beau et merveilleux pays, le Sénégal
est au-dessus de tout. Ce qui peut a priori sembler onirique tant notre
diversité ethnique, culturelle et cultuelle paraît ne pas forcément plaider
en faveur de sa concrétisation.
Malgré tout nous avons l’obligation de bâtir une République qui nous
rassemble et reflète toute la beauté de nos diversités. Seulement réussir
ce défi nous appelle à une lutte perpétuelle contre nos instincts négatifs
surtout les plus primitifs et interpelle notre intelligence collective. Cette
intelligence là qui a très tôt compris l’impérieuse nécessité de dresser des
lois et des règles dans un environnement où chaque personne puisse se
sentir animée et investie de cette commune volonté de vie commune,
tout simplement citoyen. N’est-ce pas cela le substrat d’un État de droit.
Cet État qui, au nom du respect des principes des libertés individuelles et
collectives, garantit, dans un nécessaire respect de leurs devoirs, des
droits aux citoyens à travers des institutions établies pour une harmonie
de notre vivre ensemble, gage de stabilité et de pérennisation de nos
sociétés. Le respect donc de ces institutions et de leurs décisions devient
alors un sacerdoce ou tout simplement un dogme pour chacune et chacun
de nous.
Cependant, nous sommes des êtres humains, avec certes des qualités
mais aussi des défauts inhérents à notre condition. De ces tares, nous
relèverons la concupiscence qui est cette tendance humaine à être
constamment tenté par cette chair qui tire continuellement vers des
profondeurs chimériques avec son lot de jouissance éphémère des plaisirs
factices de ce bas monde et cet esprit qui tente de nous tirer vers le haut.
avec ses limites objectives. Á l’intérieur de chaque désir, ne dit-on pas,
de façon imagée, qu’un boucher et un moine s’y querellent ? Face à cette
dualité conflictuelle qui réside en chacun de nous, il n’est demandé à
personne d’être un détenteur de vérité mais plutôt un défenseur de
convictions établies et profondément ancrées en toute responsabilité
mais surtout avec sincérité et bonne foi.
Dans cet ordre d’idée, je me suis fait conviction que nous disposons
d’institutions fortes construites au prix de longues luttes démocratiques
avec parfois des sacrifices de sang consentis par nos martyrs pour le
rayonnement de notre nation, pour un devenir meilleur de notre pays.
Ces sacrifices ultimes pour l’intérêt et le bien-être de la postérité a
permis, de nos ancêtres tombés sur les champs de batailles aux pères
fondateurs de notre démocratie, toutes ces avancées que notre pays
connaît et qui sont chantées et louées dans le monde entier. Héritage
certes très lourd à porter tant la responsabilité d’en être digne est un
combat inlassablement continu de don de soi pour l’intérêt supérieur de
la patrie. D’ailleurs, l’une de ces luttes a permis d’aboutir, comme l’a
rappelé dernièrement l’ancien Président de la République Monsieur Abdou
DIOUF, à la mise en place du Conseil Constitutionnel qui est l’institution
garante de la constitution et dont les décisions ne sauraient souffrir
aucune voie de recours. Quel parcours et quels acquis démocratiques de
notre cher Sénégal! Dès lors, chercher à discréditer ou à décrédibiliser
cette institution revient à titiller les limites du cadre qui nous unit et fait
de nous ce que nous sommes. Nous avons observé, pendant ces
dernières périodes des invectives, des insultes, des accusations et des
humiliations à l’endroit de cette haute Cour juridictionnelle à travers des
attaques immondes de corruption contre deux de ces membres. Conspué, justement ou injustement ? L’instruction judiciaire ouverte suite à la
plainte d’un des accusés édifiera sur la question. Comme tout accusé le
bénéfice du doute devrait nous empêcher de porter des jugements à leur
encontre sur les places publiques.
Bien qu’outragé, le Conseil Constitutionnel est resté debout à travers des
décisions rendues par la suite et dont les motivations ne sont à chercher
ailleurs que dans la charte fondamentale de notre État, la constitution.
Nous vivons alors et depuis des revirements, des contorsions et des
contradictions dans les prises de positions des hommes politiques par
rapport aux décisions de cette institution au gré de leurs intérêts ou de
ceux de leur camp. On les comprend. Ils sont à la recherche d’une
boussole et pourtant le cap de la boussole a été apporté par la décision
de l’institution précisant avec transparence le voie à suivre pour dire et
servir le droit au nom du peuple sénégalais et pour le peuple sénégalais.
Alors il me semble important en tant que citoyen, de féliciter cette
institution de par sa posture et ses décisions et de lui apporter mon
soutien au moment où son procès se fait dans toutes les assemblées sans
qu’elle n’ait droit à la parole pour se défendre… l’avenir est le meilleur
des juges et là, rendez-vous est pris avec l’histoire à travers les langues
d’hommes libres et honnêtes dont le rôle sera de retracer la trajectoire
de notre pays surtout dans des moments de tumultes. Pour un idéal aussi
noble que l’intérêt supérieur de notre Nation, j’invite à ne pas fragiliser
ce qui fait de nous un pays respecté sinon envié sur la scène du monde.
Dans un monde comptant 242 pays et territoires dont 193 affiliés à
l’Organisation des Nations Unies avec seulement 77 pays détenteurs
d’ambassades résidants dans notre pays le Sénégal et 19 (en nonrésidents)
soit un total de représentations de 96 sur un total de 192
correspondances pour vérifications à effectuer. Comment objectivement
peut-on en vouloir au Conseil Constitutionnel de ne pas avoir envoyé des
correspondances à l’ensemble des pays (même à ceux sans
représentation diplomatique dans notre territoire. Comment, est-ce
faisable ? et selon quel format ?) dans les délais légaux de vérification
de la recevabilité d’une candidature?
Conscients de certaines de nos limites objectives, ne soyons surtout pas
de mauvaise foi dans nos postures individuelles et collectives
Ne demande-t-on pas à chaque candidat de déclarer sur l’honneur être
exclusivement de nationalité Sénégalaise. Cette déclaration sur
l’honneur, pièce engageante a été déposée par tous les candidats.
Malheureusement, certains d’entre eux, ayant conscience de
l’impossibilité du Conseil Constitutionnel à mener toutes les vérifications
(sur au moins 192 pays) pour un contrôle effectif de la véracité de cette
déclaration faite sur l’honneur, ont tout simplement opté pour la filouterie
puisque nul ne s’ignore dans les nationalités à lui conférées. C’est alors
le lieu de réfléchir à des mécanismes qui permettent de gérer ce vide et
dépasser ce débat puéril sinon sénile par l’adoption et la mise en œuvre
de mesures adaptées, draconiennes si nécessaire.
En cela ma proposition est de prendre des dispositions légales par rapport
aux fausses déclarations faites dans la constitution d’un dossier de
candidature à une élection présidentielle avec à la clé de lourdes
sanctions pouvant aller jusqu’à la destitution d’un Président en exercice
au cas où sa multi nationalité se ferait jour après son élection et même
pendant l’exercice du pouvoir avec des dispositions d’accompagnement
appropriées pour la continuité de l’Etat.
Pour le reste soutenons nos institutions surtout dans ce moment de
brouillard dans notre démocratie où nous avons la responsabilité de
démontrer leur viabilité et leur solidité malgré les secousses et c’est là
que l’appel au dialogue initié par notre Président de la République est
salutaire pour notre démocratie qui, n’eût été la vigilance de son
excellence serait martyrisée voire brisée. Heureusement, son esprit
d’anticipation saura la libérer de ceux qui veulent en faire un otage.
Le principal objectif du dialogue est de fixer la date des élections et inviter
à un choix de poursuite du processus électoral.
Quel que soit le choix qui se fera dès lors celui-ci, loin d’être partisan,
devra être le fruit d’une conviction établie en toute responsabilité mais
surtout avec sincérité et bonne foi dans l’intérêt supérieur de notre Pays
et de sa longue tradition démocratique.
Abdoul Aziz TOURE
Citoyen Sénégalais
Président du Mouvement Ummo e Jonnde