La primature, Amadou Ba la gère à son style et son rythme : un peu comme un fiscaliste carré, sans charisme, totalement en apnée sur les réalités sociales, aucune présence sur la scène, se cachant derrière la communication présidentielle, comme s’il s’effaçait pour laisser le Président Macky Sall seul maître à bord. Lui Amadou Ba avalant des couleuvres, faisant son trou sans impressionner, sans s’emparer de l’aura et du caractère volubile qui a toujours escorté son action, au lieu de s’en plaindre il s’agrège des amitiés et des sympathies nouvelles, hors des réseaux habituels de la Majorité. Amadou Ba est un Premier ministre qui se confond dans la masse de militants. Aucune envergure nationale, sinon celui de «suiveur» d’un Président pressé plus par son agenda qu’à faire quitter de l’ombre un Premier ministre, un tantinet hésitant et conscient de sa fragilité. Ultime humiliation, c’est la sortie de Idrissa Seck enjoignant ses différents responsables et militants de parti de ne pas répondre à «l’impénitent» quand Amadou l’a interpellé sur sa volonté déclarée de ne pas quitter la barque Benno Bokk Yaakar et de continuer à bénéficier des privilèges du Conseil économique social et environnemental (Cese). C’est par le mépris que le leader de Rewmi lui a répondu. «Je vous demande de ne pas répondre aux attaques. Sinon répondez au Président de la République et à son directeur de cabinet Add.» Une réponse de Idy comme une gifle sur la joue de Amadou Ba, qui s’est encore mué dans un silence. Autre silence troublant de Amadou Ba, c’est quand on a mis du temps à lui trouver des locaux aux membres de son cabinet ; là aussi il a enduré d’une patience conformiste sans piper mot.
Pourtant ce fiscaliste de 61 ans doit revendiquer plus que des silences complices et des sourires béni-oui-oui. Il doit assumer son rôle avec brio et fermeté. Lui qui a permis au Président Macky Sall de réhabiliter le poste de Premier ministre. «Les grandes priorités que le président a définies comprennent l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, la maîtrise de l’inflation, la sécurité, le logement, la formation professionnelle, l’emploi et l’entrepreneuriat», avait déclaré Ba à la télévision nationale après une rencontre avec Macky Sall. Jusque-là ces différentes mesures prises sont sujettes à des questions et à caution. Et Amadou Ba ne fait rien pour gagner la sympathie des Sénégalais à travers une empathie sur les galères des Goorgorlu.
On se rappelle sa posture impassible lors du processus de vote de l’Assemblée nationale marqué par des échauffourées entre parlementaires de l’opposition et de la Majorité. Ce jour-là les forces de sécurité sénégalaises ont été appelées à sécuriser un processus de vote au parlement et à retenir les parlementaires de l’opposition tapageuse qui ont tenté de perturber l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée nationale. L’assemblée se réunissait pour la première fois depuis les élections de juillet.
Amadou Ba, ancien ministre des Affaires étrangères est resté silencieux depuis son éviction au ministère des Finances. C’est l’homme Amadou Ba qui est ainsi fait alors, peu préoccupé par la vie affligeante des autres. MTG
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