Mody Niang tourne une nouvelle page. Celui qui fut l’un des intellectuels les plus incisifs du paysage sénégalais a, une fois encore, choisi de se retirer. Il quitte la présidence du conseil d’administration du quotidien Le Soleil, à peine quelques mois après sa nomination par le président Bassirou Diomaye Faye en août 2024. Officiellement, il invoque des raisons de santé.
« J’ai pris mes fonctions le 6 septembre et, très vite, j’ai compris que je ne pourrais mener cette mission avec toute l’énergie et l’efficacité qu’elle exige », confie-t-il dans une déclaration rapportée par Le Témoin. Mais l’ancien professeur, fidèle à sa franchise coutumière, devance les interprétations : « Ma démission n’a rien à voir avec mon engagement aux côtés d’Ousmane Sonko et de Pastef. »

Un démenti qui en dit long. Ou presque. Lui, c’est l’homme qui disait non…
Cette démission n’est pas la première. Niang, plume acérée et esprit indocile, avait déjà claqué la porte de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) en 2016. À l’époque, il dénonçait l’hypocrisie du pouvoir et le verrouillage des institutions censées garantir la transparence.
« Lorsque j’ai écrit sur la gestion des fonds politiques, cela n’a pas plu. J’ai compris que rester à l’OFNAC risquait de nuire à mon indépendance. Alors, j’ai choisi de partir », confiait-il. Plus tard, il accusera Macky Sall d’avoir étouffé des dossiers compromettants. « Le rapport dérangeait le palais », affirmait-il, évoquant des affaires impliquant des proches du pouvoir. Aujourd’hui, l’homme se retire à nouveau. Simple nécessité physique ou dernier acte d’une conscience qui refuse les compromis ?