Par Mbaye Diouf, ancien conseiller à la Présidence de la République
L’annonce, en Conseil des ministres du 18 décembre 2024, de la tenue de la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Premier ministre le 27 décembre, interpelle. En tant qu’observateur de la scène politique et citoyen sénégalais, je m’interroge sur l’opportunité de ce choix, à trois jours seulement du traditionnel message du président de la République à la Nation, prévu le 31 décembre.
Une question se pose : le timing est-il adéquat ?
Depuis l’indépendance en 1960, le mois de décembre est marqué par deux grands rendez-vous républicains. D’une part, le discours présidentiel à la Nation, bilan de l’année écoulée et feuille de route pour l’année à venir. De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, cette tradition a toujours été respectée. D’autre part, à l’Assemblée nationale, le mois est dédié au marathon budgétaire, où les ministres défendent leurs budgets pour l’année suivante.
Programmer la DPG à cette période crée un risque de télescopage institutionnel et de saturation médiatique. Pourquoi ne pas décaler cet exercice à janvier, une fois le budget voté et le message présidentiel livré ? Cela éviterait toute confusion et permettrait au Premier ministre de bénéficier d’une attention optimale pour décliner sa vision.
Cette démarche respecterait également les équilibres républicains, évitant tout sentiment d’empiètement sur les prérogatives présidentielles. Le référentiel 2050, bien que crucial, mérite d’être présenté dans un contexte qui en maximise la portée.
Monsieur le Premier ministre, les Sénégalais comprendraient que vous laissiez la priorité au chef de l’État en cette fin d’année. Une décision stratégique renforcerait votre crédibilité et éviterait à vos adversaires de prêter des intentions politiques à votre démarche.
En conclusion, si ce choix marque une rupture assumée avec les traditions républicaines, il devra s’accompagner d’une justification solide et d’une communication sans FAYE et un Son KO.