PAR FADEL GUEYE
Un verdict, des affrontements, des saccages, des morts, un pays à reconstruire à coup de milliards. L’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko en valait-elle la peine ? La paix du Sénégal pour une affaire de viol drapée d’un tissu de mensonges éhontés et recouverts du drap trouble de corruption de la jeunesse. Oui. C’était la surprise générale quand, le jeudi matin 1er juin 2023, le juge a condamné Sonko, pour « corruption de la jeunesse », à deux (2) ans de prison ferme avec une amende de 20 millions de FCfa en plus de 600 mille FCfa qu’il devra verser à la jeune fille « Adji Sarr ». Force est de reconnaitre que le délit pour lequel Sonko est condamné n’était pas attendu. La vérité est qu’en l’absence de preuves sur l’accusation de viol et menace de mort, et pour laquelle Sonko a été acquitté, dans une affaire qui a été à l’origine de beaucoup de dégâts directs et collatéraux, on s’attendait à ce qu’un jugement équilibré soit rendu, de manière à disculper le Président de Pastef et rétablir de facto un climat de paix et de stabilité dans le pays.
C’est pourquoi, nombreux sont les observateurs qui estiment qu’Ousmane Sonko est sorti vainqueur de cette affaire, après que la justice sénégalaise a confirmé son innocence, eu égard à cette affaire qui nous crève le cœur en raison des divisions profondes générées au sein même des familles sénégalaises. L’affaire aussi nous tympanise matin et soir, et ce malgré la condamnation qui lui est infligée et qui pourrait l’empêcher de se présenter à la Présidentielle de 2024. Force est de constater que les actes de violences et affrontements sanglants qui ont détruit certains édifices et commerces de la capitale Dakar et certaines villes de l’intérieur du pays, auraient pu être évités si nous avions mis l’intérêt du pays et du peuple au-dessus de toutes autres considérations.
Ce à quoi nous assistons ces jours-ci, en termes d’affrontements sanglants entre les jeunes et les forces de sécurité, et d’actes de vandalisme auxquels s’adonnent les manifestants, en commettant d’incendies criminels, de cambriolages et de destructions injustifiées est une balafre sur le visage longtemps apaisé du Sénégal. C’est simplement inadmissible. Le moins que l’on puisse dire est que ce qui se passe plonge les pays et institutions amis du Sénégal à l’étranger dans une grande confusion et une profonde anxiété. Ce qui d’ailleurs a poussé certains d’entre-eux à lancer un appel pressant en direction des tenants du pouvoir et l’opposition à faire preuve de retenue et à trouver une issue à la crise actuelle, à enrayer la spirale de la violence, de façon à ce que le pays retrouve son image stable longtemps jalousée, c’est-à-dire pays de générosité, de sécurité et de stabilité.
Nous lançons donc un appel à l’endroit du Président Macky Sall, l’invitant à réfléchir et à trouver une solution à cette crise, loin des tiraillements politiques et des intérêts partisans, et ce en sa qualité de président de la République, à qui incombe la responsabilité de tirer la sonnette d’alarme et d’emmener son peuple à préserver la sécurité et la stabilité du pays, et de mettre un terme à cette dangereuse escalade. Ce qui est curieux dans cette affaire, c’est que les régulateurs sociaux dans le pays se sont empêchés de jouer le rôle que l’on attendait d’eux, en emmenant le régime en place et l’autre partie à accepter un dialogue constructif qui permettrait de parvenir à une compréhension mutuelle et à un rejet de la haine. Et cela, dans le but de sauver le pays de cette violence verbale et physique entre les acteurs de la classe politique, et de l’éloigner de ces règlements de compte machiavéliques qui détruisent plus qu’ils ne construisent, et divisent plus qu’ils ne rassemblent.
Le pays n’a pas besoin à l’heure actuelle de conflits entre ses fils pour des intérêts politiques et des gains partisans. Le défi réside plutôt dans l’avenir économique du pays, suite à la découverte, du pétrole, du gaz et d’autres ressources naturelles.
Revenant aux régulateurs sociaux, oui, beaucoup d’entre eux ont élevé la voix et exigé que le régime et l’opposition fassent preuve de retenue pour instaurer la paix, mais est-ce seulement ce que l’on attend d’eux ?
Je suis certain que le devoir les oblige à convoquer une rencontre urgente et très urgente entre le camp du régime et le camp du chef de l’opposition, Ousmane Sonko. La réconciliation n’est pas impossible, et personne ne profite de la démonstration de force ou de ces actes de vandalisme auxquels s’adonnent les manifestants ces jours-ci, sous prétexte de défendre Sonko, leur leader et leur candidat à la prochaine élection présidentielle de 2024. Les manifestants trouvent dans ce qui se passe une tentative de la part du régime d’écarter un adversaire de taille lors des prochaines joutes électorales.
Il faut trouver une solution urgente à cette crise, et comme on le sait, l’un des rôles les plus importants que doit jouer la justice, c’est d’apaiser le climat social et de promouvoir la sécurité et la paix. Si le verdict rendu contre le leader du parti Pastef est la cause des affrontements auxquels nous assistons, entre les forces anti-émeutes et les manifestants, qui ont fait 16 morts selon le gouvernement à Dakar et à Ziguinchor et des centaines de blessés dans différentes parties du pays, qu’est-ce qui empêche donc les dignitaires, les politiques et les personnes ressources de se réunir pour étudier ensemble les conséquences qui pourraient découler de l’exécution du verdict en question ?
Nous attendons de Son Excellence le Président de la République, Monsieur Macky SALL, à l’occasion de l’ouverture du dialogue national, qu’il a initié et auquel il a convié les partis d’opposition, les membres de la société civile et les religieux, musulmans et chrétiens, de sages décisions pour apaiser ce climat tendu afin d’éviter l’effusion de sang et de sauver notre cher Sénégal de l’effondrement.