Triste nouvelle pour la Ummah, Imam Alioune Badara Ndao n’est plus. Les coeurs de ses fidèles et admirateurs qui aimaient suivre ses sermons saignent. L’imam a fait de la religion islamique son viatique et du prophète Mouhamet son inspiration. Je l’ai rencontré et il m’avait profondément marqué par sa courtoisie, son humilité…
C’était il y a 4 ans, un matin de vendredi, Kaolack, alors peinait à se tirer du lit. Malgré, le son du Coran diffusé par les haut-parleurs de la mosquée de Médina Baye. L’on hèle un taxi. Direction : Gane Alassane, le quartier où vit l’Imam Alioune Badara Ndao, dont le procès pour apologie au terrorisme a tenu en haleine le Sénégal pendant trois interminables années. On retrouve l’imam Ndao dans une demeure modeste dépourvue de tout luxe à Gane Alassane, quartier populeux de Kaolack.
Il porte un boubou traditionnel saoudien noir, un bonnet blanc sur la tête, l’imam et sa célèbre barbe blanche avait fait des confidences sur son état de santé, il disait qu’il n’avait eu aucune séquelle au sortir de son séjour carcéral, il avait parlé aussi de son gros cas de conscience sur ses 13 co-détenus qui continuaient à l’époque de croupir en prison et l’imam s’était même prononcé sur les dangers du parrainage…
Dans la nuit du 26 au 27 octobre 2015 raconte Rfi, l’école coranique à Gane Alassane a été réveillée en sursaut par l’irruption d’éléments de la section de recherches de la gendarmerie nationale, venus interpeller l’imam Ndao à son domicile. Assis sur une chaise en plastique devant la mosquée, Daouda Seck, un de ses disciples à la longue barbe teinte au henné, s’en rappelle « comme si c’était hier ». « Ils sont arrivés à plusieurs dizaines de commandos. Ils ont défoncé les portes et sont entrés dans les chambres où des femmes dormaient. Ils ont menotté l’imam et l’ont embarqué, sans explications. Depuis, je ne l’ai plus revu. »
Suspecté d’appartenir à un réseau en lien avec Boko Haram qui projetait de mener des attentats au Sénégal, Alioune Badara Ndao était surveillé de près par les services de renseignement depuis plusieurs mois. Il a été arrêté dans le cadre d’une vaste opération antiterroriste qui a débouché sur plusieurs interpellations de jihadistes supposés dans différentes villes du pays, fin octobre et début novembre. Ndao et ses co-accusés sont aujourd’hui détenus à la prison de Saint-Louis. Ils sont inculpés, entre autres, d’« actes de terrorisme » et d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et doivent être prochainement entendus sur le fond par le juge d’instruction en charge du dossier. À Kaolack, ses fidèles continuent de faire vivre sa daara, tout en dénonçant un complot contre leur imam qu’ils jurent innocent.