Le stand de la Caisse de Sécurité Sociale (CSS) et de l’Institution de Prévoyance Sociale du Sénégal (IPRES) à la FIDAK a grouillé du monde plus que d’habitude le samedi 7 décembre. Un gratiné invité surprise s’est pointé prenant au dépourvu les agents de l’IPRES et de la CSS. Mamadou Racine Sy, Président du Conseil d’administration de l’IPRES. Fidèle à son charisme et à sa stature légendaire a profité de l’occasion pour partager sa vision. Au cœur de ses propos : la révolution du nouveau système d’information et la mutualisation ambitieuse des deux institutions, désormais en marche irréversible. EXTRAITS…
Après une visite dans le stand que partagent l’IPRES et la Caisse de Sécurité Sociale à la FIDAK, que retenez-vous de cette visite ?
Je pense d’abord que c’est une initiative qui est pérenne. Chaque année, nos deux institutions se retrouvent ensemble pour présenter au public leur mission qui est une mission de service public. Comme vous le savez, la loi 75-50 et son décret d’application donnent des prérogatives aux institutions de protection sociale que sont l’IPRES et la Caisse de Sécurité Sociale pour assumer cette mission de service public qui consiste pour l’IPRES à assurer le service de la retraite par le biais d’une pension et pour la Caisse de Sécurité Sociale d’assurer les rentes, les accidents du travail, le règlement des prestations familiales et la prévention en ce qui concerne les maladies professionnelles.
Donc c’est extrêmement important et donc le contrôle des sociétés, structures ou autres qui reçoivent du public et ça c’est une mission extrêmement importante, parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Donc dans les missions de la Caisse de Sécurité Sociale, il y a également la Prévention par un contrôle périodique. Mais l’intérêt de cette Foire Internationale de Dakar 2024 réside dans le fait que, elle se tient à un moment crucial pour les deux institutions. Si vous suivez l’actualité, lors d’un Conseil des ministres tenu récemment, le chef de l’État a insisté et instruit le Premier ministre pour une rapide mutualisation des deux institutions. Ce n’est rien d’autre que de parvenir à une fusion dont nous avons commencé d’ores et déjà à préparer les fondamentaux, notamment avec le système d’information commun aux deux institutions et qui fait que maintenant nous avons la même base de données, nous avons aussi la même union de recouvrement. Ce qui fait que si vous payez à la Caisse, vous payez là l’IPRES en même temps. Et nous avons également mis en œuvre un portail qui non seulement permet aux entreprises de pouvoir s’inscrire en ligne pour régler leurs cotisations mais de plus bientôt l’ensemble des travailleurs, donc de la population active pourront connaitre leur situation directement à partir de leur portable. Donc c’est une innovation majeure. Chacun pourra connaitre sa situation, et ce n’était pas le cas, jusqu’à aujourd’hui.
Il y a aussi l’installation du guichet unique …
Tout à fait. Le système d’information est véritablement une révolution. Et ce que je dis là, c’est cela le guichet unique. Avant qu’est-ce qui se passait ? Vous payez à la Caisse de Sécurité Sociale et vous ne payez pas à l’Institution de Prévoyance Sociale du Sénégal (IPRES) pourquoi ? Parce que la Caisse payait des prestations Familiales. Il y avait aussi une forte évasion sociale. Vous pouvez avoir des femmes qui accouchent trois fois dans l’année, comme au niveau de l’IPRES, il y avait ce qu’on peut appeler des carrières fictives qui étaient créées, parce qu’il n’y avait aucun contrôle, notamment biométrique et les dits adhérents n’étaient pas maîtrisées. Maintenant avec ce système d’information, d’ores et déjà nous avons une économie de 500 millions à 1 milliard de FCfa par mois. Parce qu’on payait des gens qui n’avaient pas droit à la pension ou on payait des gens qui étaient décédés depuis longtemps. A la Caisse de Sécurité Sociale, il n’est plus possible de tricher encore une fois pour une personne de dire que je viens d’accoucher trois fois dans l’année non. Il est impossible de venir payer à la Caisse pour toucher ses prestations familiales et de ne pas payer ses cotisations à l’IPRES. Parce que comme vous le dites, c’est un guichet unique et ça se fait concomitamment et c’est une avancée qu’il convient de saluer.
Je profite de l’occasion pour saluer l’ensemble des équipes de la Caisse de Sécurité Sociale et de l’IPRES pour leur engagement leur détermination, leur savoir-faire, leur expertise qui ont permis à ce que le système d’information ne soit pas un éléphant blanc, mais une réalité. Au nom du Conseil d’administration de les remercier pour leur abnégation, je pense que l’histoire retiendra la part importante qu’ils ont pris pour mettre en place ce système et surtout ils ont jeté les bases, ils ont facilité ce qui sera la Caisse Nationale de Prévention Sociale de demain qui réunira les deux institutions. Ce qui se passe au Sénégal est une hérésie. Il n’y au Sénégal qu’on retrouve des institutions distinctes, une qui s’occupe de Sécurité Sociale et l’autre qui s’occupe de vieillesse (IPRES) J’espère qu’avec la volonté politique clairement exprimée par le gouvernement, que nous arriverons à la mise en place qu’une telle structure qui fera que le Sénégal répondra aux normes telles que ça se passe dans tous les autres pays du monde. Je salue cette décision du Président de la République Bassirou Diomaye Faye d’instruire le Premier ministre Ousmane Sonko pour aller vers cette mutualisation que nous appelons de nos vœux. Parce que nous trouvons que c’est une nécessité et que le Sénégal est arrivé à un point où il faut regarder en avant et pas en arrière.
« Il faut des réformes systémiques sur la pension de retraite »
Ces dernières semaines vous avez effectué des visites dans des localités du pays où vous avez relevé qu’au cours de ces quatre (4) dernières années le montant des pensions a augmenté de 50%, expliquez-nous ?
Vous savez le Sénégal a un système de répartition par point. Il faut maintenant étudier la possibilité d’un système par pourcentage comme ça se passe dans de nombreux pays. Comme ça, un travailleur qui a par exemple 300 000 FCfa par mois saura qu’en partant à la retraite, il aura 200 000 FCfa ou 150 000 FCfa. Mais aujourd’hui, quand les travailleurs vont à la retraite, ils ne maitrisent pas ce que sera le montant de leur pension. Donc, il faut des réformes systémiques de ce point de vue-là.
D’autre part, il est également important de relever les plafonds de cotisations. Au Sénégal, les gens ont peur d’aller à la retraite, parce que c’est signe de précarité et de pauvreté. C’est pourquoi, c’est chez les retraités que vous voyez le plus de maladies chroniques au Sénégal. Parce que la retraite, c’est un saut dans l’inconnu. Je pense que si on met en place un système viable et efficient, ce sont les gens qui auront envie plutôt d’aller à la retraite et non pas le contraire. Parce que les gens pensent que si en allant à la retraite, ils auront une pension correcte, je pense qu’ils auront envie de se reposer et de consacrer les dernières années de leur vie à leur famille. Ce sont des réflexions que nous devons mener entre partenaires sociaux : État, patronat et travailleurs pour arriver à un système de retraite et de protection sociale efficace pour le Sénégal.
