Par où commencer pour rendre hommage à Yoro Fall, quand la douleur nous serre le cœur et que l’esprit cherche à comprendre l’incompréhensible ? L’âme troublée, nous fouillons dans les souvenirs, essayant de retrouver les dernières traces d’une vie souvent chahutée par un destin cruel. Où poser le regard ? Peut-être sur cette Nuit du Destin, cette Leylatoul Hadr où, sans relâche, il a offert ses prières et ses dévotions, jusqu’au matin, la tête pleine de lumière et de foi.
Ou peut-être se remémorer sa dernière rencontre, son dernier appel, avec son ami de toujours, Birame Soulèye Diop, ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines et frère de cœur. Leur complicité, indéfectible, transcendait la politique et les titres, un lien d’amitié pur et sincère, comme un phare dans l’obscurité des jours incertains.
Mais ce sont surtout les visages de ses enfants, Papy, Khadim et Fallou, que l’on garde en mémoire, à jamais figés dans cette douleur irréparable. Là, au cimetière de Keur Mame El Hadj (Thiès), séparés brutalement de leur père, ces enfants innocents ont vu leur monde basculer, laissant derrière eux un vide immense.
Le samedi 28 mars 2025, au réveil de la Nuit du Destin, Yoro Fall s’est éclipsé, laissant derrière lui une absence qui ne se comblera jamais.
Quel destin pour cet homme d’une vitalité inouïe, d’un esprit brillant, qui portait en lui la jeunesse d’un corps fatigué ? Yoro Fall, c’était l’énergie d’un jeune homme, mais dans un corps qui semblait parfois épuisé par les dures épreuves de la vie. Jamais à court d’histoires drôles, jamais sans un sourire prêt à illuminer un visage, il faisait de chaque moment un souvenir inoubliable.

Au marché central, au quartier Nguinth, à Thiès-Nord, tous savaient que sa relation avec le ministre Birame Soulèye Diop n’était pas simplement celle de deux hommes évoluant dans des sphères différentes. C’était une fraternité qui transcendait les apparences, une amitié fondée sur la sincérité, l’humilité et un respect mutuel.
Birame Soulèye Diop a bousculé hier son agenda pour accompagner Yoro dans son dernier voyage, redéfinissant ce que l’on entend par amitié. Il a abandonné les codes et les distances imposées par son statut de ministre, descendant de son piédestal pour marcher aux côtés de son ami, un marchand ambulant dans le quotidien, mais un homme «grand» par ses valeurs. Leur amitié symbolisait la beauté pure des relations humaines, là où l’amitié se fait plus forte que tout.
Aujourd’hui, c’est toute la famille Gaye qui pleure un trait d’union entre les différents âges de la fratrie. Yoro Fall n’était pas qu’un neveu, il était un ami, un confident. Il avait cette capacité rare à toucher les cœurs, à apporter un peu de lumière même dans les moments les plus sombres.
À toi, mon cher neveu, qui nous as quittés bien trop tôt, sache que ton héritage vivra à travers nous. Tu resteras à jamais un modèle de courage, de bienveillance.
À Dieu Yoro. Le monde semble un peu plus sombre sans toi, mais ta lumière, ton amour, ta bienveillance, resteront à jamais dans nos cœurs. Ton oncle Mor Talla GAYE…