« Où va le Sénégal ? ». Ce sujet d’examen du département de Sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), présenté en ce début du mois de juillet, a occupé, pendant un temps, les réseaux sociaux. Un questionnement sociologique dans un contexte politiquement chargé, socialement disloqué et civiquement désemparé. Ce qu’on a oublié de mentionner, « Où va le Sénégal », c’était une interrogation fréquente, presque permanente, chez le sociologue Malick Ndiaye. Paix à son âme. Un hommage à cet ancien membre éminent de la famille de la Sociologie du Sénégal ? Certainement. Ce sujet est proposé deux semaines après la tenue d’un colloque international à Dakar pour rendre hommage au professeur Malick Ndiaye, décédé le 25 avril 2023.
A des moments de doute et d’incertitude dans la vie de la nation, il s’en inquiétait : « Où va le Sénégal ? », « Où va la République ? ». Des messages écrits qu’il aimait envoyer pour partager ses inquiétudes. S’en suivent des discussions de plusieurs dizaines de minutes pour argumenter afin d’expliciter sa pensée. D’ailleurs, en 2014, il publie « Sénégal : Où va la République ? ». C’était un veilleur. Une sentinelle de la démocratie et de la liberté. Il était quasiment présent à tous les combats républicains et patriotiques. L’on se rappelle encore de son engagement débordant dans le cadre du Cercle d’initiative des intellectuels du Sénégal (Ciis).
Aujourd’hui, vivant, il ne manquerait sûrement pas de secouer le cocotier prospectif. « Où va le Sénégal ? » céderait, sans nul doute, la place à « Où est le Sénégal ? », « Où se cache le Sénégal ? » eu égard à la lente et progressive déliquescence du pays au plan politique, économique, social. Une altération marquée une prétendue dualité inutile et insensée au sommet de l’Exécutif, une relégation au second plan des préoccupations urgentes et prioritaires des Sénégalais, une justice casseuse de voix discordantes et chasseuse de « chroniqueurs » et une absence inquiétante de débats lucides et constructifs sur les enjeux économiques et sécuritaires pressants du pays. Le Sénégal, perdu dans les méandres d’une cacophonie institutionnelle, politique, économique, judiciaire et médiatique, ne sait pas où il va. Il se cherche. Il tâtonne et titube. Il reste encore du temps pour redresser la barque en perdition ?
Papa Moctar SELANE