«Marée humaine», «Une foule indescriptible», «un accueil haut en couleurs», «Macky, l’accueil populaire, la chair de poule, le Mburu ak soww en marche», les superlatifs ne manquent pas pour qualifier de triomphe l’arrivée du Président Macky Sall mercredi á Thiès. Emu mais pas aux larmes, le Président Macky Sall a sorti cette phrase lourde de sens. ««J’ai des frissons, ce que j’ai vu á Thiès, je ne l’ai jamais vécu», a-t-il lâché d’un soupir de joie qui trahit son bonheur. Le Président est content. Tant mieux pour le troisième mandat qui se concocte dans les cuisines gratinées du palais par ses affidés. Avec comme éléments de langage des ministres, directeurs généraux qui lui doivent reconnaissance des mots du genre. «Je soutiens la candidature du Président Macky Sall», «Macky Sall est le meilleur candidat pour 2024», «Nous n’avons pas de plan B ou C nous n’avons qu’un seul candidat et c’est Macky Sall».
Au-delà de l’accueil populaire réservé au Président Macky Sall, ça gronde chez les populations qui ont du mal á assurer les trois repas quotidiens. La Société nationale des chemins de fer (Sncf) est en état de déliquescence avancée, la Société Nationale de textiles du Sénégal n’emploie pas des centaines de Thiéssois comme naguère. Alors les seules certitudes qui restent pour des milliers de jeunes thiéssois, ça reste la vente de Café Touba ou devenir un «inquiétant» conducteur de motos de Jakartas á ses risques et périls.
Le séjour du président à Thiès sera, de l’avis de hauts cadres de l’Alliance pour la République (APR), des «moments intenses et cruciaux de clarification du jeu politique dans la ville aux deux gares». Parce que, soulignent-ils, «le président Macky Sall s’est déplacé dans une ville où l’opposition a fini d’arracher le titre foncier des mains inexpertes du Rewmi qui a tenté de rester ad vitam aeternam à la tête des collectivités locales», maugrée-t-on.
Et d’alerter : «De grâce, que personne ne lui dise que tout va bien à Thiès. C’est totalement faux ! Le mal est trop profond à Thiès. La frustration a atteint son paroxysme.»
C’était déjà en 2014, le Conseil des ministres qui s’était déplacé á Thiès avait annoncé que la région bénéficiait d’un programme triennal d’investissements 2014-2016 d’un montant de 448 milliards de FCfa, dont 234 déjà disponibles, pour boucler 35 chantiers n’ont pas été réceptionnés depuis plus de 10 ans etc. Ces réalisations promues ne sont pas encore visibles. «Je n’attends rien de cette tournée économique maquillée en campagne électorale pour un troisième mandat», regrette un Thièssois frustré par les promesses tenues. En 12 ans, Macky Sall n’a pas considéré Thiès comme une de ces priorités, il lui reste que 381 jours á la tête du pays. Va-t-il réussir le pari ?