Le Président Macky Sall a le visage renfrogné des jours sans, l’assistance est médusée, tout zen, Idrissa Seck continue en toute tranquillité son discours. «Continuez d’apaiser votre cœur pour que les futurs choix que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel.» Des prières de l’ancien Premier ministre á l’endroit du Président Macky Sall qui n’ont pas eu apparemment de bons échos dans l’assistance. Quelques téméraires font mine d’applaudir. Le Conseil présidentiel territorialisé tenu á Thiès jeudi a été une occasion pour l’ancien maire de Thiès de sortir de sa longue hibernation et du flou artistique dans ses relations avec le Président Macky Sall.
Idrissa Seck déroule allégrement son nouveau plan, sûrement le produit de son long silence. Quand il prépare ses coups politiques, l’homme aime s’emmurer dans un silence assourdissant. Il ne drague plus les médias. Il n’accorde plus d’interviews. Il se terre, attendant le bon moment, ou saisissant le bon filon pour se présenter à l’opinion. La bonne pioche, c’est le rendez-vous du Conseil Présidentiel territorialisé de Thiès.
Idy veut redevenir Idy, parler, séduire et convaincre. Sans se cacher. Sans heurter les sensibilités, affirmant et clamant haut son ambition de toujours garder sa lucidité. Malgré les coups de boutoir de ses contempteurs nombreux au sein de la Majorité.
Dans son schéma comme dans une perspective cavalière, Idrissa Seck a décliné ses «intimes convictions sur les situations politique, sociale et économique nationales».
Ce n’est pas nouveau chez Idrissa Seck. Cela dénote de sa cohérence et de sa constance à ne jamais s’éloigner de ses principes de vie et ses attitudes morales quand le contexte hostile l’oblige parfois á prêter le flanc.
Pourtant Idy est assimilé à un ancien chef de parti, «le tortueux» peut-il encore parler de vertus aux Sénégalais ? Aujourd’hui Idrissa Seck compte sur sa capacité à rebondir comme après 199 jours passés en prison pour se refaire une santé politique, après l’affaire des chantiers de Thiès. Aujourd’hui il affronte les «douze travaux d’Hercule», ouvre plusieurs chantiers et plusieurs fronts. Le tout dans un vaste programme politique à mille leviers. Il abat sa première carte sur l’échiquier et dynamite la candidature du Président Macky Sall. Il en fait son dernier rempart et s’accroche avec la dernière énergie sur la question de la présidentielle de 2024.
Ceci n’est qu’un remake de l’année 2010. A la veille de la Présidentielle de 2012, Idrissa Seck de Paris largue sa première salve sur la cible Wade : «Votre candidature pour un troisième mandat est inconstitutionnelle donc irrecevable…C’est l’opinion du professeur Guy Carcassonne, professeur des Universités, Agrégé de Faculté de Droit dont l’avis est joint. C’est celle des professeurs et docteurs Pape Demba Sy, Mounirou Sy et Ababacar Guèye dont les avis ont été rendus publics…J’ai aussi consulté le distingué constitutionnaliste le Professeur Serigne Diop, à ce jour le plus ancien dont le grade au Sénégal, ses fonctions actuelles l’empêchent de donner un avis public sur la question mais il serait prêt à vous le communiquer si vous lui en faites la demande dans le cadre d’une audience.» Idy jouait á l’époque sur le registre de la peur et du temps. Il redoutait de voir le Pds privé d’élection en 2012. Bardé des avis consultatifs d’éminents experts nationaux et internationaux, il prédit : «Si vous Wade persistez à présenter votre candidature malgré l’avis unanime de ces éminents spécialistes vous faites courir à notre parti le risque d’être absent de cette importante compétition électorale». Idrissa motive son interpellation par la crainte de voir la candidature de Wade déboutée par le Conseil constitutionnel à quelques jours des élections. Il dit : «En effet selon la loi électorale de notre pays après la publication par le Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus 29 jours avant la tenue du scrutin, aucun dépôt de candidature n’est possible sauf décès d’un candidat retenu avant le jour du scrutin.» Après l’argument juridique et constitutionnaliste, il évoque comme pour définitivement exclure la candidature de Wade, les dispositions de l’article 20 du règlement intérieur du Pds qui stipule que le candidat à la présidentielle de la République est investi par le congrès sur présentation de la convention nationale ou du Bureau Politique.
Au regard de ce qui s’est passé jeudi á Thiès, Idrissa Seck ne fait que donner un premier coup á Macky Sall. Il y en aura d’autres avant 2024, puisqu’Idrissa Seck a des ambitions cachées de présidentialiste, la seule station qui manque á son riche palmarès…
MTG