L’ouvrage Diambars, une école de la vie de Aly Sileymane Ly et de Ndiassé Sambe (Éditions Saaraba) est une ode à la persévérance, une leçon de vie chargée d’émotions, des phrases imbues de valeurs et une trajectoire XXL faite de courage, de foi, de sacrifices, de bonté. Dans la vie escortée d’épreuves de Aly Sileymane Ly, on devrait normalement le voir, plus souvent pleurer sur son sort, mais le sourire a toujours habité son visage apaisé.
Ce petit berger échappé de son rustique Thialma, petit hameau perdu dans le Nord du Sénégal n’a que des valeurs à partager quand il quitte son village. Dix heures de route pour tâter de plus près à la réalité dakaroise et des rêves pleins les yeux pour faire briller une passion qui dort encore sur une jambe gauche bénie par les dieux du foot.

Un coup du sort et surtout le destin de tomber sur la bonne personne, un «magicien» du cœur Alioune Ndiaye «gaucher». Aly Sileymane Ly, enfant talibé vit les conditions terribles de la plupart des chérubins déboussolés, en piteux état, sébiles en main dans les rues de Dakar, la populeuse. À ses heures creuses, Aly patenté dribbleur se fait surnommer «Ronaldinho», le Brésilien droitier s’autorise des «gris-gris» mais lui Aly avec son gaucher tel un feu follet brûle la vigilance des défenses adverses en les transperçant comme une lame perfore le beurre. Sa réputation dépasse très vite ce bout de terre de Dakar devenu des Parcelles de vies. Le test de Diambars arrive à point nommé Aly vient de terminer ses quatre années d’études coraniques. Il se remémore la générosité de Mère Sow, les conditions difficiles au Daara…
Aly passe le test. Diambars lui ouvre grand ses portes. Ses yeux brillent de bonheur. Lui qui se voit déjà soulever le Parc des Princes de son pied gauche se rend compte très vite qu’il n’est pas comme les autres. Il doit faire plus que les autres, il doit être irréprochable, doté d’une qualité rare : sa foi, Aly soulève des montagnes, il saute de classe et contre toute attente réussit à décrocher Brevet de fin d’études et moyennes (Bfem). Impossible n’est pas Aly, à force d’abnégations, de persévérance, de volonté, le jeune gaucher qui se lit d’amitié avec Idrissa Gana Guèye à qui, il dispense des cours de Coran.
Le déclin de la vie de footballeur de Aly intervient. L’équipe A coachée par Boubacar Gadiaga ne veut pas de lui. Aly rase les murs avec l’équipe B. La vérité va sortir de Jimmy Adjovi-Boco qui éteint les derniers rêves de Aly Sileymane Ly de devenir professionnel. Oui Aly le reconnaît lui-même avec ses 56 kilos, pour 1, 66 mètres à 19 ans passés, c’était encore léger pour le haut niveau. Le livre ne manque pas d’anecdotes croustillantes…

Aly change de cap sans se démonter. Il veut désormais devenir informaticien et tout Diambars se bat pour le voir réussir son rêve. C’est ainsi qu’après son Brevet Aly s’envole à Arras (Nord de la France), ni le froid ni les épreuves ne réussissent pas à doucher ses ardeurs. Aly malgré les lacunes trainées parvient à décrocher son Bac S avec une envie de réussir à toute épreuve. Gabin un petit Ch’ti entre dans sa vie, l’amitié est complémentaire. Et puis, malgré les couleuvres, les sauts d’obstacles sur sa carrière d’écolier volontaire, Aly Sileymane parvient envers et contre tout à devenir ingénieur en administration systèmes, réseau et bases de données. Ce diplôme d’ingénieur sera son ballon d’or, sa Ligue des champions, sa Coupe du monde. Aly venait de gagner le match le plus important de sa vie. Ce fut contre l’ignorance, le désespoir. A la fin de la lecture de ce livre, j’ai fait une passe à mon fils Malick qui multiplie à 13 ans les tests pour devenir footballeur professionnel, lui qui a tendance à négliger les études, aura l’occasion de s’inspirer de la vie semée d’embûches de Aly Sileymane Ly.