Il s’est ravivé avec une force à m’étouffer, le nœud qui m’enserrait la gorge depuis que mon pays, Le Sénégal, terre d’Islam, terre d’accueil, terre de refuge et terre d’asile depuis les temps immémoriaux, a accepté de faire juger sur son sol (pour des faits s’étant produits bien loin du pays), avec la participation de magistrats sénégalais, sur pression acharnée d’organisations sénégalaises dites de droits de l’homme, quelqu’un qui vient de loin (et qui n’avait d’ailleurs pas choisi le Sénégal comme destination de fuite) et qui, pendant plus d’un quart de siècle a eu un comportement absolument exemplaire, tout de discrétion, de loyauté et de respect des engagements attachés à son statut (et par lui-même, et par sa famille, et par ses affidés).Le nœud s’est ravivé quand le gouvernement de mon pays, reconnaissant la précarité de la santé de cet homme devenu âgé, lui a refusé la résidence surveillée qu’il est pourtant capable de lui assurer parfaitement. J’étouffe encore plus d’écœurement et de rage quand j’entends un de ses principaux « droits-de-l’hommisâtes » pourfendeurs, qui s’était acharné sur lui pendant des années et des années, faire des déclarations de bon samaritain en sa faveur pendant qu’il était mourant puis mort. Je suis extrêmement gêné d’entendre un représentant du gouvernement de mon pays dire « on s’apprêtait à lui poser un bracelet électronique », alors qu’ils auraient pu le faire dès que cet instrument est entré dans notre arsenal juridique. Des sénégalais, des sénégalais de haut niveau de responsabilité, ont porté un sacré coup à l’image du Sénégal en bafouant ainsi une valeur sacrée de notre peuple : l’hospitalité. De l’Antiquité à l’exemple le plus récent de l’athlète biélorusse accueillie par la Pologne il y a moins d’un mois, l’hospitalité accordée accordée à un banni, un fugitif, un exilé, un réfugié est un droit inviolable tant que le bénéficiaire se conforme aux règles qui lui sont applicables et à ses engagements. Plus proche de nous musulmans, le Prophète Mouhammad (PSL) n’a-t-il pas accordé refuge et protection à des mécréants dans une mosquée ?La honte et la rage m’habitent ces derniers jours en tant que sénégalais.
KEBA KANTE