62 ans à tout casser (Il est né le 9 août 1959 à Thiès). Idrissa Seck s’en va fêter son anniversaire en France. Loin des siens. Loin de son Thiés natal. Souhaitons-lui d’abord joyeux anniversaire, une meilleure santé, lui que les rumeurs les plus folles diagnostiquent sans précaution « gravement malade ». Prompt rétablissement alors. Souhaitons-lui joyeux anniversaire et retrouvons-le sur le terrain des citations coraniques. Eh bien ! Idrissa Seck n’ignore pas que Dieu dit dans le Coran. « A quiconque nous donnons une longue vie, nous faisons baisser sa forme. Ne comprendront-ils donc pas ? ». (Sourate Yaseen 36, verset 68). Le Président du Cese prend de l’âge. 62 ans est une année charnière. Le plus ésotérique de nos hommes politiques n’ignore pas que le prophète de l’Islam a accompli sa mission à l’âge de 63 ans. Pendant ce temps, qu’est-ce que le Président du Cese a accompli pour le Sénégal? Des vœux pieux. Des chantiers de Thiés qui ont sorti sa ville natale de la banalité d’une localité que Dakar a toujours regardé de haut par ses infrastructures. Une vision de faire de la politique en mettant sur le curseur l’intérêt du Sénégal en premier. Cette volonté jamais feinte de satisfaire aux besoins des populations. Et tutti quanti.
Tout commence pourtant quand Idrissa Seck sort tout juste du berceau de Sciences Po Paris. Il a 29 ans et toutes ses dents quand en 1988, Abdoulaye Wade fait de lui son directeur de campagne. Le Sénégal découvre alors un jeune plein de bagout, un bon rhéteur qui n’a pas froid aux yeux.
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A l’époque beaucoup de Sénégalais sont séduits par la nouvelle. Un signal fort envoyé à l’époque aux enfants du pays façon de leur dire que le pays avait besoin de compétences jeunes pour libérer le peuple du joug socialiste sous lequel il croupissait depuis l’indépendance. La suite on la connait. Idrissa Seck a le mérite d’avoir beaucoup contribué à conduire Wade au pouvoir mais aussi de savoir lui dire, les yeux dans les yeux, ce qu’il pense de la gestion de l’État et du parti. Puis, il fut combattu. Mis en prison avant d’être blanchi et libéré́ par la justice sénégalaise et une phrase qui est entrée dans les annales de l’histoire. « Jusqu’à l’extinction du soleil aucun centime de détourné ne pourra m’être reproché ». Et puis, l’opposant irréductible du Président Macky Sall, l’un de ses farouches adversaires qui ne lui a jamais fait de cadeaux. Notamment en étant derrière des journaux torchons spécialisés dans l’insulte et les insanités à l’endroit du Premier ministre de l’époque Idrissa Seck. Et puis, coup de tonnerre. Au lendemain de l’élection présidentielle de 2019. Rewmi le parti d’Idrissa Seck se rallie à la majorité présidentielle. À la faveur du remaniement du 1er novembre, deux de ses cadres sont devenus ministres : Aly Saleh Diop (Élevage) et Yankhoba Diattara (Économie numérique). Lui Idrissa Seck est nommé par décret par le Président Macky Sall président du Cese. N’empêche sa nomination à la présidence du Conseil économique social et environnemental a fait l’effet d’une douche froide chez certains de ses alliés d’hier, qui ne s’imaginaient pas qu’il irait en personne rejoindre la majorité. N’avait-il pas juré ne jamais accepter un poste offert par Macky Sall ? Et quel poste ! Il est désormais à la tête d’une institution qui pèse plus de 7 milliards de francs CFA et que, comble de l’ironie, il disait vouloir supprimer dans son dernier programme de campagne. Comme si cela ne suffisait pas, l’on profite de sa déclaration de patrimoine déposée à l’Ofnac pour le vouer aux gémonies aux yeux de l’opinion.
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Pourtant à l’école de Me Wade alias «Gorgui», Idrissa Seck était pourtant le «chouchou». Précoce, appliqué, dévoué. Il devient tout-puissant directeur de cabinet et ministre d’État à son arrivée au pouvoir, en 2000. «Idrissa Seck, c’était le patron ! Macky Sall ne cachait pas le ressentiment qu’il éprouvait à son égard », résume un cadre de l’opposition proche du PDS./
Bien sûr, tout ça, c’était avant. Avant la chute brutale d’Idrissa Seck, nommé Premier ministre en 2002 avant d’être limogé en avril 2004. Et avant son passage de six mois et demi à la prison de Rebeuss pour atteinte à la sûreté de l’État dans l’affaire dite des « chantiers de Thiès ».
Macky Sall, alors ministre de l’Intérieur, le remplacera un temps à la primature, avant d’être à son tour éjecté de la formation libérale. Il retombera sur ses pattes plus facilement que son prédécesseur, dont il a sans doute appris de la disgrâce. Idrissa Seck, lui, n’a jamais cessé de penser qu’il en avait été l’instigateur. «Il a toujours dit que Macky Sall n’était pas digne de confiance, mais il va s’agripper à cette alliance. Si l’un d’entre eux la brise, ce sera Macky. Forcément, il a toutes les cartes en main aujourd’hui», croit savoir un ancien camarade d’Idrissa Seck.
Des cartes suffisamment puissantes pour convaincre le chef du parti orange d’accepter un poste dans son équipe. ce que ses détracteurs comme ses proches évoquent commme une certaine usure, une lassitude, une envie de « prendre un raccourci » pour arriver plus vite à la case pouvoir. Étonnant, pour un homme résilient, dont la carrière politique a été faite de zigzags.
On ne va pas lui gâcher la fête en feuilletant l’album de sa vie à ses 62 ans mais force est de constater que l’homme qui aime dévaliser le général De Gaulle qui disait : «La vie d’un homme d’Etat est une insignifiance au regard du destin d’une nation.» Joyeux anniversaire !
Kinkelibaa.info #MTG# avec JA