Anna E. Diouf Sarr, vous connaissez ? Eh bien, si vous êtes à la traîne, il est temps de mettre à jour votre agenda coach en développement personnel…sénégalais. Vous ne connaissez pas non plus Usefull lives ? Ça fait un peu trop d’ignorance là. Dans cette salle du Musée des Civilisations, la coquetterie a un nom : la Femme sénégalaise. Les hommes bons chics bons genres. On sent qu’il va se passer quelque chose. L’attente est longue. Pesante. L’on ne sait pas encore par quel plat, on va être mangé. Ça attise la curiosité. Derrière, le tee-shirt des hôtesses qui déhanchent, l’écriteau du thème du jour est mentionné : «Oser être soi». Puis, d’un coup, c’est un homme grand, bedaine généreuse, «sapé comme jamais» qui porte beau le prénom Dominique ou «Do» pour les intimes. Il est là debout comme un piquet, plein de vie. Et le voilà qui se décrit avec une humilité renversante comme un «prématuré». La salle ne peut s’empêcher de pouffer de rire. C’est l’effet recherché. Il tient en haleine le public qui boit ses paroles de Mc, soucieux d’installer dans la lumière, la vedette du jour. Mais il ne le sait pas encore. Mais c’est lui qui va donner le la de la conférence ou du séminaire sur le développement personnel.
L’anecdote est croustillante, la narration pleine de subtilités. Avec la verve d’un pasteur, Do replonge dans ses années d’universitaire à l’Ugb Saint-Louis. «J’aimais faire tous les sports : Basket, tennis de table, judo…sauf le foot Un jour des étudiantes de l’université de Wisconsin sont venues à l’Ugb, il y avait un match de basket et elles étaient là. Elles avaient le teint caramel, les cheveux qui tombaient et je me suis dit, il faut que je cherche à épater ses demoiselles. Et au cours du match, j’ai pris la décision de faire un coup d’éclat de « dunker» (en basket c’est faire trois pas et s’élever au-dessus du panier et mettre le ballon).»
Le problème c’est que Dominique n’a jamais fait un dunk depuis qu’il joue au basket. Et ce jour-là, il a osé faire un dunk d’enfer. Surpris par autant d’audace et de culot, ses coéquipiers demandent à leur entraîneur d’arrêter l’entrainement, parce que Dominique qui n’a jamais réalisé un dunk a dunké. L’on vous épargne l’épate sur les filles américaines si ça a fonctionné ou pas…la suite dans le prochain épisode.
C’est autour maintenant d’Anna Sarr d’entrer en scène. Elle entre dans l’arène galvanisée par «Do» qui a déjà planté le décor. Sous les applaudissements et les regards d’un public, Anna Sarr coach en développement personnel certifié fait son apparition. Elle porte une robe noire. Elle dégage de la sérénité, de la confiance en soi et une aura à revendre. Le tract, le stress, la peur du public, ce n’est pas le genre de la maison chez elle. Cette Anna a du cran. Elle avoue être enrhumée, le public compatit. Les cernes envahissant ses yeux en amandes le confirment. Vous ne la connaissez toujours pas ? Anna E. Diouf Sarr est coach spécialisée en leadership transformationnel, en conduite du changement, en développement personnel, en art oratoire. Pas besoin de vous étaler son Cv, il est long comme un bras. Le charme de la rencontre, c’est qu’Anna a su installer un pont entre sa famille, ses proches, ses amis, dans cette salle du Musée des civilisations noires, c’est une Famille avec grand F qui s’y retrouve. Tout de go Anna s’arrête sur une image qui en dit long sur cette rencontre. «Le monde est un hôpital ambulant. Il y a des blessés récents, des patients qui sont en réanimation, des convalescents…Et la question c’est de savoir de quel bord on se trouve ? Convalescents, réanimation révèlent la part de blessures qu’on a reçues. C’est pourquoi, il est bon parfois de s’asseoir aujourd’hui de prendre de l’eau. Alors oser pourquoi ? Souvent on ose mais on a l’impression qu’on est seul. Forcément on sera seul pour sortir et aller de l’autre côté, forcément des personnes qui ont un gros potentiel sont souvent seules. Parce qu’elles se sentent incomprises. Mais quel guerrier, quel héros ne se retrouve pas un jour seul. Si vous voulez être différent des autres, il va falloir faire des choses différentes. Oser c’est avoir ce courage moral qu’il faut avoir à un moment donné de la vie. Mobiliser son potentiel, ensuite préparer ce potentiel. Ce ne sera pas facile, puisqu’on sera seul. C’est comme une bouteille où il y a du jus de pamplemousse, on secoue le jus, on voit tout à l’intérieur, les pulpes, quand on secoue davantage on se rend compte que le jus devient plus clair. Ce n’est pas facile d’être seul parce qu’on est en face de nos manquements, de nos pauvretés. Et l’intelligence émotionnelle, c’est le sens de se donner sa propre réaction, se donner l’autorisation de choisir sa réaction.»
Anna donne l’exemple d’Usefull lives qui n’a pas été simple à mettre en place. Puisqu’elle est née du covid-19. Pourtant l’Idée est noble, puisqu’elle est de faire de nos vies, des vies utiles, enrichies à travers la chaleur du contact humain, des valeurs humaines communes à partager.

«Il faut aimer son histoire»
Mais cela ne va pas sans un état d’esprit positif. Puisque notre état d’esprit, même s’il ne détermine pas tout, peut avoir un impact très important sur les objectifs que l’on se fixe et sur la réussite d’une manière générale. Bref pour revenir au sujet, Anna conseille à chacun d’entre les personnes présentes dans ce public de jouer sa partition. «de faire sa part et de sortir de sa zone de confort». C’est-à-dire, quel que soit les choses que vous allez faire, il faut que la raison soit plus forte que tout. «Si chacun d’entre-nous sort son potentiel, on va sortir un cocktail extraordinaire (…) Les épreuves que vous avez vécues dans la vie, il faut les intégrer. Il ne faudrait pas faire fi de ça et dire que ça n’a jamais existé, y a une partie de toi qui manque. Il faut aimer son histoire.», concède-t-elle. Anna pêle-mêle donne l’exemple de Leonard De Vinci qui a osé être lui-même très difficilement…Beaucoup de personnes sont devenues des légendes, parce qu’elles ont osé par elles-mêmes. C’est pourquoi, Anna estime qu’il faut être des spécialistes pour se faire de l’argent. Faire des choses qu’on sait faire qu’on aime faire. L’idée à la fin, c’est de gravir les échelons, «et d’être inconsciemment compétent et pour ça il faut être des SPECIA…LISTES.» Applaudissements dans la salle.
Dans ce public conquis, Angèle prend le micro et raconte son expérience. «J’étais animatrice dans une radio, j’aimais ce que je faisais. C’est ma passion. Mais j’ai fait des études en marketing et communication. Quand je me suis mariée, j’ai commencé à travailler dans un bureau. Mais je me rends compte que je ne suis pas moi-même. Déjà je me réveille difficilement pour aller au travail. Alors que quand j’étais animatrice je faisais des matinales mais je m’empressais de me réveiller et d’aller à la radio. Seulement, mes parents ont payé mes études et ils ne cautionneront pas que leur fille fasse de l’animation après ses études. Mais avec ton exposé Anna je me rends compte que je dois retourner dans l’animation. Je serai plus moi.» Rien que pour l’exemple de cette dame, la rencontre de samedi valait de s’extirper du brouhaha, de notre zone de confort pour aller tendre l’oreille. Vous la connaissez maintenant Anna E. Diouf Sarr ? C’est elle qui a dit : «Le sens du détachement est quelque chose d’extrêmement important pour un leader.» Ce fut un week-end osé. Ouais il faut oser être soi. Yes we Can Anna !
Mor Talla GAYE