S’ils survivent à l’été et au variant Delta, les lecteurs prendront connaissance à la rentrée, de la vie de Diégane Latyr Faye, jeune écrivain d’ascendance sérère qui erre à Paris en quête d’idéal jusqu’à l’éblouissement vocationnel. Présenté sous les traits d’un auteur poussif (dérision piquante quand on connaît le cabinet de trophées de son avatar réel) Diégane est un ancien d’un lycée militaire d’excellence au Sénégal et étudiant en lettres à Paris. Affaire, un rien, commune. Le portrait s’étoffe au fil des pages jusqu’à à la bascule : une nuit initiatique, lubrique, qu’il passe à Amsterdam avec l’ébouriffante et mystérieuse Siga D, écrivaine baobatique d’audace.
Lors de cette longue soirée, notre jeune homme qui a tout du ‘puceau’, manque à peine d’être étouffé par les seins de l’amante atypique, l’ombre d’araignée-mère. L’étreinte, elle, engendre, au cours de ces précieuses confessions post-coïtales, un de ces secrets affolants de nature à réorienter la vie des Hommes en soif d’aventure. Voilà donc le trésor : Un livre [le Labyrinthe de l’inhumain] et son auteur [T.C. Elimane]. Voilà le jeune homme fasciné, parti à la recherche du trésor enfoui, dans la Mémoire et le Secret, brinquebalés dans une impressionnante quantité de pièces à conviction.
Comment accéder à ce territoire ? 1, 2, livres ne suffiront.3 livres donc, en un seul, prennent place dans la locomotive, pour la chasser la vérité : un journal estival d’abord, où un retrouve un cénacle d’écrivains infortunés très Bolañoesque, qui use ses nuits à tchatcher littérature ; aussi une plongée romanesque dans la généalogie en pays sérère et dans la tragédie inavouable de la gémellité, enfin une enquête romanesque transcontinentale aux accents de polar. Portées par une énergie littéraire obsessionnelle, par une tension libidinale, des incursions dans la presse, les archives, les 460 pages foisonnent dans cette perdition sublime de la quête, où on retrouve Sabato, Gombrowicz et bien d’autres chercheurs de la solution idoine pour déclarer sa flamme à la littérature sans la préciosité de la pose…
Accéder, en somme, au dernier bastion de l’intime et de l’indicible. Complexe par ses fils emmêlés, désarçonnant par sa chronologie cassée, ironique par son ton, et sérieux par sa documentation, le livre traduit une question métaphysique de l’auteur : comment aimer, et proclamer son amour à la Littérature érigée en Dieu manchot, sans tomber dans le zèle ? Comment l’inscrire dans l’histoire fictive et réelle ? Cela donne un curieux assemblage, déroutant et entrainant. Un souffle théâtral, des pauses, des notes philosophiques…Note de lecture longue et complète le 19 août.
PAR SOULEYMANE ELGAS
Quarante-et-une listes sont retenues pour les législatives du 17 novembre. Cette flambée des candidatures va coûter cher au Trésor...
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