Ce livre sur Idrissa Seck, l’ombre du passé s’inscrit pour l’auteur dans la continuité des Traits Sénégalais, décembre 2016 (Harmattan). Cet ouvrage sur le Président du Conseil économique social et environnemental (Cese) est un portrait grand format sur la vie d’un homme politique qui a longtemps cristallisé les rêves, les ambitions et une certaine vision de faire de la politique. L’homme a très tôt crevé l’écran par ses versets coraniques et son bagout, lui qui à 29 ans est devenu le directeur de campagne de l’opposant Me Wade. En 1995, il devient le Ministre du commerce dans le gouvernement de majorité élargie sous le régime de Diouf. Il a longtemps accompagné Me Abdoulaye Wade dans sa longue conquête du pouvoir et de lutte pour l’approfondissement de la démocratie. En 2000, il a joué un rôle de premier plan à l’avènement de Me Abdoulaye Wade au pouvoir. Ce fut ensuite le partage du gâteau. Idrissa Seck va hériter du poste névralgique de ministre d’Etat, Directeur de cabinet du Président de la république, ensuite Premier ministre au lendemain du drame national du Joola. Un Premier ministre qui théorisa « Goorgoorlu » et « Ndjoublang » avant de se faire rattraper par le collet par les chantiers de Thiés où on l’accusa d’avoir détourné de l’argent. S’en suit une descente aux enfers. Idrissa Seck a été traqué, traité de tous les noms d’oiseaux, ses proches intimidaient et l’on parla à l’époque de «Déseckisation». Ce sera par la suite, une machine judiciaire qui s’emballe, la prison jusqu’à ce non-lieu de la justice sénégalaise. Déterminé à ne pas se laisser enterrer, il crée Rewmi qui phagocyte une bonne partie de l’électorat libéral. Il va aux élections locales et s’empare de Thiés son fief.
Ce livre parcourt fidèlement le tracé d’Idrissa Seck, les étapes de son parcours politique, les péripéties de sa vie au pouvoir, ses déchirures, ses errances, les circonstances de son ascension sociale et sa relation intime à Thiès, ville natale et berceau de toutes ses ambitions.
L’on oublie très souvent qu’Idrissa Seck est né pauvre. Son papa Assane Seck est un marchand de friperie au petit gain. Fervent talibé Tidiane, il se démultiplie entre son petit commerce, sa foi et sa grande famille. Une de ses épouses, Fatou Diop, maman d’Idrissa, est une dame au sourire commercial et à la ferveur religieuse tout aussi affirmée, portant toujours le voile islamique et qui n’hésite jamais à aller entretenir la mosquée Tidiane de Moussanté. Il arrive que cette femme fasse la cuisine pour l’assemblée ou le Dahira de la mosquée. Et en bonne griotte, elle s’invite parfois dans les cérémonies familiales, voisines, participe aux cérémonies de «Labaane» (Cérémonie traditionnelle pour chanter les vertus de la virginité chez la jeune fille) du quartier pour faire entendre la chaleureuse voix et en récolter de l’argent afin d’aider à bouillir la grande marmite familiale.
L’on apprend dans ce livre également comment Idrissa Seck de parents tidianes a fait son allégeance à Serigne Moussa Nawel Mbacké, ce marabout mouride capable de prendre ses sous pour dépanner ses disciples qui ont du mal à faire face aux rigueurs de la vie. C’est cet homme effacé qui ne parle que pour convoquer le livre saint qui n’a jamais accordé d’interview mais cultive sa discrétion à l’extrême qui va gagner le cœur d’Idrissa Seck.