Pour sa cérémonie de dédicace, le Professeur Abdoulaye Bathily qui a publié ses mémoires: Passion de liberté aux éditions Présence Africaine a fait ce samedi salle comble. Actualité oblige, le professeur est revenu sur le recul des libertés au Sénégal. «
« En 1983, le président de la cour suprême disait qu’on pouvait voter sans pièce d’identité, on pouvait voter sans isoloir. Nous sommes des Sénégalais pourquoi avoir peur de dire qu’on va voter. Il fallait lutter pieds à pieds contre tout cela. Le travail démocratique au Sénégal, c’est un travail de sisyphe. On fait des pas puis on recule », regrette-t-il. C’est pourquoi, selon ses propos, les luttes menées dans le passé restent encore, car fait-il savoir, « la lutte ne s’arrête pas à une alternance politique, c’est une étape parce qu’au-delà de l’alternance politique, il faut une alternative. Il nous faut l’alternance qualitative de notre société. Les harcèlements se sont succédés et c’est dommage. »
Cependant, il a rappelé l’historique de la loi 78-02 qui réglemente les manifestations. À l’en croire, cette loi était au départ destinée au secteur de la santé qui était de façon permanente en mouvement. « C’est difficile pour nous qui venons de si loin qu’il soit compliqué de tenir des manifestations. La loi 78-02 réglemente les manifestations. C’est à partir de la lutte du Sudes, il n’y avait pas de parti politique et il n’y avait que le Pds et on ne parlait même pas de réunion. Ça a été une lutte âpre pour que cette loi donne un semblant de droit. Dès le départ, chaque fois qu’on déposait une demande de manifestation, les préfets et gouverneurs prétextaient le manque de forces de l’ordre pour encadrer la manifestation et les risques de trouble à l’ordre public. Mais on a suffisamment de forces pour la réprimer… », dénonce-t-il avec la faconde et le ton rugueux qui le caractérise.
Au cours de cette cérémonie au Terrou Bi samedi après-midi, des anecdotes croustillantes ont été racontées par ses camarades de parti. « J’ai fréquenté l’école des jésuites et que j’étais prêt à faire preuve de chasteté, mais je me suis rendu compte que ce choix était au dessus de mes forces. Et j’ai commencé à côtoyer les Ablaye et autres dans la clandestinité et dans ce groupe personne ne donnait son véritable nom et j’avais pris le surnom de Cyrano », explique Nicolas Ndiaye de la Ldmpt. Puis, c’est autour de Serigne Mansour Sy Diamil de dire comment le Sénégal a changé et il est étonné d’entendre des responsables politiques de Yewwi Askan Wi dire que Yewwi est le plus grand parti de l’opposition, « quelle prétention », dit-il.
Ensuite Fatimata Ly de la Ldmpt a assimilé Ablaye Bathily à un homme intégre. Même chose pour Pape Sarr qui a chanté l’excellent formateur qu’est Abdoulaye Bathily. Mamadou Diop Castro étreint par l’émotion a parlé des qualités humaines de Bathily, puis a lancé un appel à la Gauche pour un sursaut, « ce pays a besoin de la Gauche. Vous nous avez indiqué la voix, je retiens la rigueur de l’historien. », hurle-t-il de sa voix caverneuse.