L’affaire fait grand bruit. Mamadou Mamour Diallo, accusé de détournement par Ousmane Sonko, d’un montant de 94 milliards de FCfa. Puis Blanchi par la Commission d’enquête parlementaire, l’ancien directeur des domaines a porté plainte contre son accusateur et entend laver son honneur terni. Mercredi dernier, le Président Macky Sall l’a nommé directeur de L’Office national d’assainissement du Sénégal (Onas). Retour aux affaires après une longue traversée du désert…
Un seul chiffre 94 milliards FCfa, collé de façon tenace sur le visage de Mamour Diallo et qui revient inexorablement comme le poil du menton. Un chiffre dur et dru «fabriqué» dans la tête d’un candidat malheureux à la Présidentielle de février 2019. Son nom : Ousmane Sonko. Ancien inspecteur radié de la fonction publique et qui sans gants s’attaque au directeur des domaines d’alors Mamour Diallo. Dans les médias, on entend que l’accusateur Sonko, gesticulant, colportant les informations les plus dignes d’intérêt pour ses partisans, les plus grotesques pour les compagnons de Mamour Diallo, prenant en otage l’opinion et perturbant la vie monacale de l’ex-directeur des domaines, incapable d’accorder une interview aux médias qui lui courent derrière, l’homme vivant dans la plus grande discrétion.
Pointé du doigt pour avoir détourné alors qu’il était directeur des domaines 94 milliards de FCfa. Des accusations qui ont chahuté son panorama de serviteur de l’Etat, qui ont terni son image, jeté en pâtures dans l’opinion publique sénégalaise avide de ragots et de méchancetés gratuites. Mamour Diallo armé de sa foi a fait du temps son allié principal. Il traverse une mauvaise passe, puisqu’on le remplace à la direction des domaines. Le bonhomme retourne se ressourcer auprès de sa famille au quartier Montagne à Louga. Il rouvre à nouveau le Coran et se console de l’écriture sainte, car ses activités à la tête de la direction des domaines l’en avait un temps empêché. Face aux accusations les plus perfides qui s’amoncellent sur sa tête, il décide de laver son honneur en constituant un pool d’avocats. Et Faire face. L’administration indexée, l’Assemblée Nationale interpelée, d’autant plus que l’auteur des accusations est un député de l’ancienne XIIIème législature.
Les représentants élus du Peuple ne pouvaient rester passifs alors que les échos d’un scandale portant sur 94 milliards de nos deniers publics déjà rares, parvenaient aux oreilles des citoyens.
C’est pour cette raison que le Député Djibril War a introduit une requête de création d’une commission d’enquête parlementaire sur cette question, comme le lui autorisait l’article 48 du Règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Après de longues semaines de travaux, la commission d’enquête parlementaire finit par «démentir» Ousmane Sonko et blanchir Mamour Diallo…Qui a décidé de sortir de son silence en portant plainte pour des faits constitutifs «des délits de diffamation et d’injures publiques, prévus et réprimés par l’article 258 du Code Pénal » selon ses avocats Maîtres Aly Dialy Kane et El Hadj Diouf. On sait tout de l’affaire, mais que sait-on réellement de la vie de Mamour Diallo ?
«Je portais la sébile et faisais la manche à Louga»
L’ancien directeur des domaines est né en 1968. Il est le petit-fils de Matar Diallo né au Mali dans le grand Jihad du vénéré Cheikh Oumar Foutiyou Tall propagateur de la Tarikha Tidiane revenu s’installer à Louga au début des années 20. En 1968, loin de l’agitation mondiale liée aux événements de mai de la même année, El Hadj Baba Diallo baptise son fils aîné Mamadou Mamour Diallo. Puis à l’âge de 6 ans déjà, le jeune Mamour Diallo se met à l’apprentissage du Coran et des rigueurs de la vie de Daara. Au quartier Montagne Nord de Louga, il était courant de voir Mamour allure chétive d’un garçon de 6 ans, tenir sa sébile, et faire la manche dans les maisons. C’est son père El Hadj Baba Diallo qui a décidé de l’initier en lui donnant un pot de tomate usé pour lui demander d’aller chercher la pitance chez le voisinage. «Cela m’a beaucoup servi, ça a renforcé mon humilité», racontait Mamour Diallo.
Mais à l’âge d’aller à l’école, les parents sont partagés entre le Daara et l’établissement public. Au terme de longs conciliabules pour décider si Mamour doit intégrer l’école des blancs ou pas, on finit par l’inscrire à l’école 1 de Louga. Il apprend vite et comprend vite. Il brûle les étapes, décroche son Diplôme de fin d’études et moyennes (Dfem). Puis, il fait cap un peu plus au nord, à Saint-Louis au lycée Peytavin. «La séparation était difficile avec mes parents, mais je suis tombé sur des personnes aimables», se rappelle-t-il. Il se démène dans les études le matin et pendant ses jours de congés apprend à nager sur la plage de Ndar, à jouer au ballon etc. Il décroche le Bac série B économie et gestion puis est orienté à l’université Cheikh Anta Diop de la capitale. «Dakar, c’est le choc.» Il survit au choc, les belles filles, les nouvelles tendances à la mode grâce toujours à sa foi et les conseils précieux de son Baba. Mais pas que…puisque le jeune Mamour est conscient de tirer vers le haut sa famille modeste. Son père El Hadj Baba Diallo est ouvrier maçon, imam à ses heures perdues et porte-parole du khalife de la famille omarienne. Mamour lui décroche sa maitrise en économie et gestion.
Il réussit le concours du centre de formation et de perfectionnement administratif (Enam B) en étant major à l’entrée et à la sortie pour un profil de contrôleur des impôts et domaines. En 1990, il atterrit à Kaolack pour son premier poste. Il pose un acte avec ses premiers salaires pendant trois ans qui sort de l’ordinaire. Il décide raconte un de ses proches de donner directement à son père ses trois ans de salaire. Au bout de 6 ans à s’occuper de son père et de sa maman, il opte de se marier. Il serait aujourd’hui père de trois enfants. Entre-temps, il est retourné à l’Enam pour devenir inspecteur des impôts et domaines…monte en grade à travers certains centres réputés de la banlieue. Et en 2015, le Président Macky le nomme par décret Directeur national des domaines…il lui rend la monnaie en s’engageant à ses côtés à travers son Mouvement Dolli Macky.Aujourd’hui, Mamour Diallo est de retour dans les affaires de l’Etat avec le juteux poste de Dg de l’Office National d’assainissement du Sénégal.