Le soleil semblait s’incliner vers l’horizon ce mardi 7 janvier 2024, baignant l’Agence de la VDN d’une lumière douce, presque solennelle. Au cœur du hall, le visage de Mansour Cama, figé sur une photographie, observait silencieusement les allées et venues. Son sourire, subtilement esquissé, semblait parler à ceux qui l’approchaient : un sourire d’homme qui avait tout donné à son pays, jusqu’à son dernier souffle.
Aïda et Khoyane Cama, ses grandes sœurs, se tenaient là, fières et dignes, malgré le poids invisible d’une douleur encore vivace. Quatre années ont passé depuis que leur frère les a quittées, mais les blessures du cœur ne se referment jamais vraiment. Ce jour, toutefois, était une lueur dans leur nuit. Une reconnaissance. Un baume.
Le ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, Abass Fall, a pris la parole, entre deux reniflements, bravant un rhume tenace pour honorer cette figure d’exception. «Mansour Cama, cet homme que nous célébrons aujourd’hui, a été le porte-drapeau du patriotisme économique. Son combat pour la préférence nationale a permis à tant d’entreprises sénégalaises de rêver et de bâtir», déclare-t-il, la voix tremblante mais ferme.
Dans l’assistance, chaque mot tombait comme une goutte de pluie sur une terre aride. Drapé dans un boubou immaculé, le Président du Conseil d’Administration de la Caisse de Sécurité Sociale Elimane Diouf a, lui aussi, laissé parler son cœur. «Ce geste, ce nom gravé sur cette agence, est bien plus qu’un symbole. C’est une promesse : celle de ne jamais oublier ceux qui ont façonné le tissu social sénégalais, » dit-il, la gorge nouée, devant une forêt de micros.
Mais l’hommage ne s’arrêtait pas à Mansour Cama. À quelques kilomètres de là, dans la banlieue dakaroise, à Pikine-Guédiawaye, une autre cérémonie, tout aussi poignante, se déroulait. L’agence locale portera désormais le nom de Mademba Sock, le syndicaliste infatigable, décédé en juin dernier.
L’émotion était à son comble. Madame Yvette Diop Keïta, secrétaire générale de l’Unsas, n’a pas pu retenir ses larmes. Entre deux sanglots, elle évoqua «Ngagne», comme on l’appelait affectueusement, cet homme qui avait consacré sa vie à défendre les droits des travailleurs. «C’était un roc, une étoile qui ne s’éteindra jamais dans nos cœurs» murmura-t-elle, le regard embué.
Et quelque part, loin des regards, au-delà des nuages et des souffrances terrestres, deux âmes se retrouvent au Paradis. Mansour Cama et Mademba Sock, l’un bâtisseur inflexible du secteur privé, l’autre défenseur acharné des travailleurs, contemplent la scène. Ils voient leurs noms gravés dans la pierre, mais surtout dans les cœurs.
Leur combat, leur passion, leur dévouement, tout cela ne s’est pas perdu. Il demeure, tel un feu éternel, illuminant la mémoire collective du Sénégal. Car au bout du chemin, il n’y a pas de plus grand hommage que celui d’un peuple qui se souvient ! M.T.G