Il fixe droit du regard, œil vif et sincère, ton travaillé avec l’assurance d’un jeune premier, Bassirou Diomaye Diakhar Faye assure et rassure. Le premier discours est un essai réussi, mais pas un coup de maître pour ne pas donner l’impression de déifier un bleu qui très vite a revêtu le bleu de chauffe d’un costume présidentiel dont on disait trop grand pour ses frêles épaules. Diomaye apprend vite. Diomaye digère vite les multiples directives de gens de l’ombre qui coltinent dans les coulisses à travailler sa gestuelle et en faire un chef d’Etat. A sa décharge, il n’est pas l’auteur de la monstrueuse erreur de montage de la phrase revenue deux fois : « …avec la semaine sainte pascale qui vient de conclure le carême et le mois de ramadan qui tire à sa fin. »
La posture dynamique, le langage corporel travaillé, pas de trémolos dans la voix signe d’une confiance glanée au fil de cette semaine où tout a basculé pour le plus jeune Président d’Afrique élu (44 ans), tout chez Diomaye chante la rupture tant clamée. Dans l’instantané d’un cliché, on le voit débouler d’une grande porte pour foncer droit devant le pupitre afin de soigner sa mise en scène. Mise en scelle d’un parti-pris manifeste contre la mal gouvernance, un plaidoyer pour la reddition des comptes et la lutte contre la corruption. Diomaye se veut chef d’Etat et non de parti. Déclamation d’un vœu pieux comme ce fut le cas de la pompeuse et maquillée formule de Macky «Gestion sobre et vertueuse», tuée dans l’œuf par un coude de mule trahi par son clanisme.
Diomaye se sait attendu. Diomaye n’a pas droit à l’erreur. Le niveau d’exigence étalonné par les nouveaux princes du Palais pour parvenir à leurs fins n’est pas une caution. Les beaux discours de Diomaye, ses costumes coupés au millimètre près ne doivent pas nous faire oublier qu’en douze ans (12 ans) ses jeunes ambitieux nous ont vendu du rêve pour faire du Sénégal un pays où le coût de la vie ne serait pas élevé, le temps de grâce ne sera pas étalé en un an ou deux ans. Les Sénégalais sont fatigués. Alors dans la communication, c’est bien que tout soit au point. Mais l’impression d’improvisation de Ousmane Sonko, nommé Premier ministre cherchant ses mots devant toute la nation, et les explications alambiquées de Ousseynou Ly à la Rts pour parler du premier discours de Diomaye sont autant de faits qu’il faudra très vite rectifier. La charge étatique n’aime pas l’improvisation et cela il faut que tous les tenants du régime actuel se le tiennent pour dit.