Nafissatou Seck Diédhiou ou « mère Nafi » ne se repose jamais. Ou presque. Malgré l’âge avancé, elle refuse de vivre recluse entre quatre murs. Elle est une dame de terrain comme d’autres sont de nature casanière. On la retrouve ce jour-là á son siège au quartier Thialy, un bâtiment peint d’un blanc immaculé au cours d’une rencontre de femmes paysannes venues de certaines localités de la région. Nafissatou Seck Diédhiou est la Présidente de l’Association sénégalaise d’appui á la Formation pour le Développement á la Base (Asafodeb), elle a dédié sa vie à cette association devenue Ong dans les années 2000. Cette grande dame du développement social a roulé sa bosse un peu partout.
Elle a travaillé pour un projet des Nations Unies qui lui a permis de tâter le pouls de toutes les réalités sociales du pays. Elle a parcouru les régions du Sénégal d’Est en Ouest, du nord au Sud. Sans se renier. Sans grincher. Elle connait beaucoup la région de Saint-Louis d’où elle est native et celle de la Casamance où son défunt mari Famara Diédhiou du FONGS l’emmenait souvent avec ses enfants en vacances et Thiès la ville où elle réside encore.
Après une mission bien remplie dans l’administration sénégalaise, elle pouvait se contenter d’une retraite dorée. Mais cette grande dame ne s’accommode pas de la facilité. Elle sue encore et ne cesse de transmettre son expériences et ses connaissances. Aujourd’hui après des années dans le développement social, á travers des programmes d’alphabétisation, de renforcement de capacités de gestion des femmes et des hommes dans des villages reculés de Mont-Rolland, Keur Mousseu, de Diourbel… où elle a permis aux femmes de gagner des batailles rudes comme l’accès á la terre, Nafissatou Seck Diédhiou accompagne les jeunes par des sessions de formation. Façon de passer le flambeau à la jeune génération pour que la relève soit assurée. Asafodeb se targue d’avoir des centaines de conseillères dans les communes du Sénégal, des maires et des adjoints qu’on ne compte plus sur les doigts de la main.
Pourtant l’appui de l’Etat laisse á désirer pour cette Ong obligée de travailler souvent avec des partenaires étrangers pour le développement endogène des femmes dans les zones les plus reculées du pays. Et l’avènement du Covid-19 avait fait reculer les partenaires étrangers. Malgré les contraintes et les chemins semés d’embûches, Nafissatou Seck Diedhiou porte son rêve de développement local et social en bandoulière. Elle n’est pas prête encore á déposer les armes, elle se bat encore malgré ses maigres moyens á recruter des formateurs en alphabétisation qui formeront plus tard des alphabétisateurs et des alphabétisatrices. «Mère Nafi» comme on l’appelle affectueusement á Thialy a mis á la disposition des jeunes, une de ses maisons qui sert de bibliothèque et de cadre pour les élèves du quartier qui bénéficient de cours de renforcement gratuit.
Mère Nafi n’attend rien de personne, mais fait ce qu’elle fait de la manière la plus naturelle au monde, sans chercher la lumière ni se faire remarquer. «Je suis un agent de développement avant de faire tout ça. J’ai été fonctionnaire, j’étais au ministère du développement social. Depuis les débuts de l’indépendance, j’étais animatrice rurale, technicienne dans l’animation après ça a évolué, j’ai fait des concours professionnels, j’ai réussi au concours de l’école nationale d’économie appliquée et je n’ai jamais cessé de travailler dans le développement», explique-t-elle.
Et cela dure depuis plus d’une soixantaine d’années. La vieille dame a des cheveux poivre sel sur la tête, elle na rien perdu de sa tête et se rappelle comme hier de tout. Elle a fait de Aminata Mbengue Ndiaye, la marraine de son Ong et de l’infatigable Mamadou Cissokho, le Président d’honneur de L’Asafodeb. En tout cas, Mére Nafi a de qui tenir, car son défunt mari Famara Diédhiou dirigeait la Fédération des Organisations non gouvernementales du Sénégal (FONGS), un mouvement paysan autonome qui compte aujourd’hui plus de 150 000 membres actifs regroupés dans 32 associations paysannes de dimensions variées réparties sur l’ensemble des 11 régions du Sénégal. Ça vous campe le personnage…Et puis, elle ne le dit jamais pour s’en vanter Mère Nafi est la grande soeur du très célèbre général et ancien chef d’état major de la gendarmerie Pathé Seck.MTG
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