Sur le plateau du centre culturel Léopold Sédar Senghor, il fait danser le public de sa voix entrainante. Bouba Mendy, tantôt joue de la percussion, tantôt pousse de la voix dans ce show de Didier Awadi. Après plus de 15 ans dans la musique, le jeune homme essaye de se faire sa place au soleil. Pourtant, sa route aura été semée d’embuches.
Il y a 12 ans, lorsqu’on lui propose de venir pour interpréter la chanson d’un dessin animé, le jeune Bouba ne sait pas encore que ce sera son entrée dans la cours des grands. Il n’est encore que le membre d’un sombre groupe, le Dialore, qui essaie de se faire une place dans le monde de la musique sénégalaise. Il se souvient : «Bouba Ndour m’a appelé pour me dire que je devais chanter pour la bande originale d’un dessin animé. En fait, à l’origine, c’est Youssou Ndour qui devait faire le son, mais il était occupé ailleurs et Viviane a proposé à Bouba Ndour que je le fasse à sa place. Je suis venu, on a posé les voix et j’ai donné des idées par rapports à certains passages du texte. C’est ainsi que ça a décollé.» Le petit garçon retrouve avec émotion son idole Youssou Ndour pour travailler sur le morceau et se donne à fond pour l’impressionner. Le succès est planétaire, puisque cette chanson sera la signature des aventures du jeune Kirikou et le surnom du petit génie lui reste encore aujourd’hui. Si le film a un succès énorme, Bouba, lui ne connaitra pas pour autant la gloire comme son homonyme. Aujourd’hui encore, les gens à qui il se présente comme l’interprète de Kirikou, n’en croit pas leurs yeux en voyant ce grand garçon dégingandé. Il sourit : «Quand on dit aux gens que c’est moi, ils ne croient pas. Tout le monde est convaincu que c’est Youssou Ndour qui a posé sur ce morceau. Même si je n’ai pas la reconnaissance absolue, je suis heureux du travail que j’ai fait.» Sur la fiche du film en effet, le nom du jeune homme n’apparait nulle part, comme si cette voix qui chante était sortie de l’air des montagnes de la sorcière Karaba et avait été emportée par le vent.
Bouba Mendy n’aime pas les moules et ne suit pas toujours les voies établies. Têtu, parfois incontrôlable, il fait son affaire au feeling et use de son expérience pour avancer dans la vie. Au milieu des années 90, il monte un groupe de world musique avec des amis, le Dioloré, et y officie comme percussionniste. Tout se passe bien jusqu’au jour où le petit dernier de la bande refuse de se faire conformer au droit d’ainesse en faisant le thé «J’ai été viré du groupe par 3 fois parce que je refusais de faire du thé pour les autres. Je ne voulais pas être leur larbin parce que j’étais le plus jeune» raconte-t-il.
Mais il aura été écrit que ce groupe ne pourrait pas se passer de lui et un concours de circonstances le fera revenir, en force. «Un jour que je suis passé voir les gars, le lead vocal était absent et on m’a demandé de faire un bout d’essaie, ils ont aimé et m’ont donné d’office la place de lead vocal, narre-t-il». Ce compagnonnage se soldera par un album en 1999, Diamono, mais sonnera aussi la fin puisque le groupe se sépare en 2001. Commence alors une longue marche solo à la recherche des spots du succès. Viviane Ndour, lui donne sa première chance, faire les chœurs pendant ses shows. Il gardera de cette période d’excellents souvenirs : «J’ai aimé travaillé avec Viviane car c’est une artiste qui touche à tous les styles et moi je suis attiré par la diversité. Ça m’a permis de pouvoir chanter sur tous les styles musicaux.» En 2007, il passe une année dans un cirque musical africain en Suisse, comme lead vocal de l’orchestre. «J’ai été contacté par l’artiste Saintrick pour chanter dans un cirque musical africain en Europe. Nous étions plusieurs nationalités africaines et plusieurs disciplines comme la danse, le chant, le théâtre. J’ai beaucoup appris de cette expérience et je garde de merveilleux souvenirs de cette épopée» dit-il. Il apprend la rigueur dans le travail, avec des répétitions de 18h par jour.