Khadim Samb, Rts1,

Comme le plus heureux des hasards. Une fortuite rencontre qui tisse le fil d’un destin épié, d’une célébrité insoupçonné. Khadim Samb, très caustique animateur de l’émission «Caxabal» sur la Rts 1 (lundi après Jt), est venu dans le commentaire sportif comme d’autres rencontrent leur femme.
On est dans la fin des années 60, Khadim Samb, alors âgé de… 16 ans, débarque à Dakar pour faire fortune. Très vite, il se met à l’épreuve, tâte plusieurs métiers, avant de se retrouver plongeur à la dibiterie Dollar de la Médina. Dans ce lieu couru de Dakar aux soirées rythmées de débat sur la lutte, le jeune Khadim Samb, échappé de Dioppam (département de Mbacké), impressionne par ses analyses pertinentes. Parmi ses «amis» des soirées de l’époque, figure feu Moustapha Ndiaye, présentateur vedette de l’émission «sport de chez nous». Il sera le premier à l’invité à la Rts.
Mais c’est en 1994 que Khadim Samb fera son entrée dans le monde des médias. Séduit à son par les riches commentaires du «boucher», Babacar Touré, Pdg du groupe Sud Communication, décide de l’enrôler. «C’est dû à mon expérience en la matière», sourit-il comme pour asseoir de connaisseurs.
Fan de Pape Kane, ancien lutteur de Thiaroye, Khadim Samb côtoie des ténors de l’arène sénégalaise comme Mor Fadam, Modou Pouye, Kaïré II et Saa Kadior, et chemine avec l’ancien «roi des arènes», Manga II, pendant 25 ans. Et au même moment le patron de la dibiterie Ablaye Nar de la Médina se mue à un éphémère promoteur de lutte.
Actuel doyen des commentateurs de lutte, Khadim Samb étonne encore par ses connaissances et détonne par son expérience. «Il nous donne des informations sur les lutteurs, et cela nous aide beaucoup dans notre profession, témoigne l’arbitre de lutte Sitor Ndour. Avec lui, nous découvrons le vrai terme lexical des prises de la lutte.» Malick Thiandoum son «jeune frère» à la Rts1 ne tarit pas d’éloges : «C’est quelqu’un qui connait le mystique. Il est capable de dire où et comment est fabriqué le talisman. Khadim, c’est une bibliothèque de la lutte.» Si Malick le dit…
Bécaye Mbaye, 2STV

Dans la selecte loge des commentateurs de lutte, Bécaye Mbaye, reste le plus populaire. Et de loin pour avoir marquer le renouveau de la présentation des émissions de lutte. «Bantamba» son émission sur la 2stv dont le générique porte la voix de l’indémodable Thione Seck a longtemps été numéro un des émissions les plus suivies à Dakar. Diaraf Ndoye, lutteur de l’écurie Fass Benno : «Pour avoir des connaissances en matière de lutte, il faut suivre nécessairement de suivre Bécaye Mbaye.»
Dans «Bantamba», Bécaye Mbaye décrypte le langage de la lutte, décortique les moindres détails, encense les victoires et chahute les chutes. Et surtout sublime avec son discours de rassembleur. «Bécaye éduque. Il appelle au dialogue et calme les supporters, sourit l’arbitre Sitor Ndour. Il a cette force de toucher toutes les couches.»
En direct, c’est un régal de le suivre. Avec ses «Ohooooo…», envolées dont lui seul a le secret, il enflamme les stades et transporte ses télespectateurs. «En direct, je préfère suivre Bécaye Mbaye, Il nous comble de bonheur», avoue Samba Mbodji, trésorier de l’écurie Fass Benno. Et cet ancien du journal Sofa de poursuivre : «Le Brésiliens disent «Goaaaaal », les Américains crient quand ils commentent les matches de Nba. Donc, moi aussi j’imprime une marque qui s’identifie à la lutte sénégalaise.» Boy Lang de Fass Benno : «Bécaye est extraordinaire. Il est le seul commentateur qui a le don de dévoiler les secrets de lutteurs.»
Fils de Grand-Dakar, Bécaye qui a longtemps était influencé par l’icône de son quartier, le lutteur «Boy Bambara», et côtoyé sur le tard Mame Ola Faye, ancien entraîneur de l’Equipe nationale de lutte gréco-romaine… peut aujourd’hui donner une idée sur la forme physique et psychologique des lutteurs avant même le corps à corps. «Je suis un observateur averti. Je décrypte facilement un combat dès la signature de contrat.» Ooooooh Bécaye !!!
Thierno Ndiaye TFM

«Parmi tous les commentateurs de lutte, Thierno Ndiaye est le seul vrai connaisseur.» L’ancienne gloire de la lutte Balla Gaye est catégorique. Compagnon du lutteur olympique Pape Diop, depuis la fin des années 1950, Thierno Ndiaye a presque tout fait dans le «sport de chez nous». «Il a été mon entraineur, confesse Pape Diop. Il a aussi eu a géré mon mystique (sic).»
Dans l’enceinte comme dans les coulisses de la lutte, ce griot crayonné orfèvre de la parole a le verbe dopant. Et d’une rare perception de la lutte. «Thierno Ndiaye est exceptionnel. Il est capable de décrypter le rythme des tam-tams et de déchiffrer la connotation des chants. Si les chansons sont bien ou mal articulées, renchérit Balla Gaye. Il connait tous les lutteurs qui sont descendus dans les arènes depuis 1966. Il connait les poltrons et les courageux. Il a la lutte dans le sang.» Elhadji Bassirou Thiam «Dogo», Canal Info : «Je me permettrais d’utiliser le mot «lambologue» pour désigner Thierno Ndiaye. C’est un vrai spécialiste de la lutte.»
Aujourd’hui «commentateur libre», cet ancien présentateur de l’émission «Sunu Lamb» sur la Radio dunyaa vision (Rdv) a une démarche particulière pour épater les téléspectateurs. Avec une éloquence rare et une diction à faire pâmer les dames, il retient l’attention de toute l’arène. Les nostalgiques, surtout. «Pour parler des qualités d’un lutteur, il fait toujours des éloges comparatives. Ce qui est très souvent extraordinaire parce que permettant aux jeunes de savoir l’histoire de la lutte, témoigne Mamdou Sène, vice-président de l’Amicale des amateurs de lutte. Il parle de leurs palmarès et arrive à convaincre son public.» Aujourd’hui, Thierno Ndiaye fait les beaux jours de la Tfm. Au grand bonheur des férus de lutte.